Une récente étude statistique de l’Insee relève que presque 3 % des entreprises françaises ont réorganisé leur chaîne de valeur entre 2018 et 2020. Les relocalisations sur le territoire national sont minoritaires et l’Institut national de la statistique estime qu’il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences, dans ce domaine, de la crise sanitaire.
Dans les industries manufacturières, délocaliser la production en Chine pour gagner en compétitivité n’a plus la cote. Selon le pointage effectué par l’Insee, dans une étude publiée le 3 décembre, 2,8 % des entreprises de plus de 50 salariés ont réorganisé leur chaîne de valeur entre janvier 2018 et décembre 2020. Dans le détail, 1,7 % a délocalisé, 1,1 % relocalisé et 0,1 % les deux.
Sans surprise, la Chine occupe le bas du tableau des destinations prisées par les entreprises pour délocaliser leurs activités.
« Les destinations plus lointaines impliquent des coûts de délocalisation plus élevés, notamment en matière de coordination ou de contrôle, souligne l’Insee. Les biens ou services doivent également transiter le long de la chaîne de valeur, avec des décalages horaires raisonnables. » Les délocalisations ciblent essentiellement les pays européens et l’Inde, lorsqu’elles concernent des opérations effectuées par des employés hautement qualifiés.
Relocalisations d’activités peu qualifiées
Typiquement, les délocalisations touchent essentiellement des « activités intensives en travail qualifié » et non plus, comme dans les années 1990 et 2000, des opérations demandant peu de qualification. A cet égard, l’Insee observe que les activités rapatriées sur le sol national sont « plutôt peu qualifiées, ce qui peut refléter le rapatriement en France d’activités préalablement délocalisées ».
Le Coq Sportif, Rossignol, Malongo, Safilin (filature du lin), Asled (solutions d’éclairage)… Les relocalisations, dont il a beaucoup été question au sortir de la crise sanitaire, aux côtés de la souveraineté, du Made in France et de la réindustrialisation, restent finalement numériquement inférieures aux délocalisations.
Si les analystes de l’Insee estiment qu’il est prématuré d’affirmer que la pandémie de Covid-19 a provoqué des relocalisations par centaines, une autre étude, de Capgemini, publiée en avril dernier, conclut à l’inverse au début d’une tendance de fond qui va s’accélérer dans les années à venir. Pour renforcer leur capacité à produire sur le sol national ou dans un pays voisin (nearshoring) les entreprises de 11 pays passées à la loupe de ce rapport s’apprêteraient à investir 3 400 milliards de dollars entre 2024 et 2027, soit 8,7 % de leur chiffre d’affaires global.
Sophie Creusillet