L’Insee vient de publier son traditionnel tableau du commerce extérieur qui, à la différence des chiffres des douanes, inclut les services et dépeint un tableau moins catastrophique que pour les seuls biens. Alors que le déficit commercial français est régulièrement pointé du doigt, ce bilan souligne également la part croissante des échanges internationaux dans le PIB.
En perdition le commerce extérieur tricolore ? A en croire l’étude que vient de publier l’Insee, sa situation est moins catastrophique qu’elle n’y parait. Avec, au cours des dernières décennies, une interdépendance croissante des économies, la part des échanges de biens et de services dans la création de la richesse nationale a en effet plus que doublé en 55 ans. Alors qu’elles contribuaient au PIB à hauteur de 14 % en 1968, les exportations et les importations représentaient respectivement 34,3 % et 36,3 % de la richesse nationale en 2023.
Le déficit de la balance du commerce extérieur des biens demeure colossal : 100 milliards d’euros (Md EUR) en 2023 et 54 Md EUR hors énergie. Seuls les secteurs des produits alimentaires (dont les boissons alcoolisées) et des matériels de transport sont excédentaires. A contrario, les services sont excédentaires depuis 1988. Cette performance s’explique beaucoup par le solde touristique, mais pas seulement.
Les services à la rescousse
La France est en effet l’une des premières destinations touristiques au monde et les dépenses des non-résidents sur son territoire sont supérieures à celles des résidents français à l’étranger. Le bilan du commerce extérieur est donc moins alarmant en incluant les services : en 2023, les exportations totales de la France ont en effet couvert 94 % de ses importations. Concernant ses principaux partenaires commerciaux, l’Union européenne, Allemagne en tête, en fournit l’essentiel, devant les Etats-Unis et la Chine.
Enfin, les entreprises investissent beaucoup à l’étranger. Sur toute la période étudiée par l’Insee, les investissements directs étrangers (IDE) se soldent par une sortie nette des capitaux. En 2023, le flux des IDE en France (39,1 Md EUR) étaient inférieur à celui des IDE sortants (67,2 Md EUR).
Ce panorama du commerce extérieur confirme le dynamisme des exportations de services qui tranche avec l’image plutôt dégradée que renvoie balance des biens. Une étude du Think tank La Fabrique de l’exportation, publiée il y a un an et dont nous avions évoqué le contenu dans nos colonnes, montrait que les entreprises de services sont en effet généralement plus petites que dans le secteur manufacturier et leurs exportations affichent une valeur ajoutée plus importante que celle des biens. Les auteurs de l’étude ont calculé que les services représentent désormais 40 % de la valeur ajoutée exportée par le pays, alors qu’ils ne constituent que 34 % de ses exportations en valeur.
Sophie Creusillet
*Pour prolonger :
–Commerce extérieur : les services et les implantations, deux points forts de l’internationalisation à la française
–Notre entretien vidéo avec D. Mirza et E. Vauchez : Commerce extérieur, une bataille perdue d’avance ?