Les quatre syndicats de la SNCF ont déposé un préavis de grève unitaire pour un mouvement reconductible à partir du 11 décembre. Les cheminots sont ainsi appelés à se mobiliser contre le démantèlement de Fret SNCF, décidé par le gouvernement après une enquête européenne, mais aussi contre le mouvement de filialisation dans l’activité TER. Les chargeurs s’inquiètent.
« Dans une situation dont les perspectives sont désormais en marche, l’AUTF, qui porte la voix des Chargeurs, prend acte des préavis de grèves annoncés et fait part de son inquiétude au regard de leurs possibles conséquences : seule une amélioration nette de l’attractivité de l’offre de transport ferroviaire, en particulier pour assurer fiabilité et visibilité à court moyen et long terme, offrira de réelles perspectives au développement des flux et ainsi, à l’activité du secteur » explique l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF) dans un communiqué publié le 15 novembre.
La disparition de Fret Sncf est programmée depuis plusieurs mois et fait suite à l’ouverture début 2023 par la Commission européenne d’une enquête sur le versement de 5,3 milliards d’euros d’aides d’Etat pour combler le déficit de la filiale fret du groupe Sncf. Afin de se conformer aux règles européennes en matière de subvention, la Sncf a dû s’engager dans une procédure de « discontinuité », autrement dit démanteler sa filiale.
En lieu et place de Fret Sncf, deux nouvelles sociétés seront créées et reprendront une partie des salariés et ses activités : Hexafret pour le transport de marchandise et Technis pour la maintenance des locomotives. Parallèlement, 23 lignes doivent être transférées à la concurrence tandis qu’un engagement de renoncement pour 10 ans aux activités de trains combinés (réputés les plus rentables) est pris. Au total 4500 salariés doivent être transférés vers les nouvelles sociétés, avec au passage des pertes de garanties sociales, tandis que 500 autres doivent être reclassés au sein d’autres branches du groupe Sncf.
Le feu couvait depuis un moment parmi les syndicats, il va donc être allumé le 11 décembre. Opposés à la disparition de Fret Sncf, ceux-ci réclament la mise en place d’un moratoire « pour permettre aux différents acteurs de se remettre autour de la table, et trouver les voies permettant de garantir non seulement la continuité de Fret SNCF, mais aussi son développement sur le plus long terme ».
En tant que clients des services de fret ferroviaire, les chargeurs, eux, insistent pour leur part sur le risque que font peser ces mouvements sociaux sur l’attractivité des services des nouvelles sociétés. « De nouvelles grèves auraient assurément pour répercussion de fragiliser le secteur en affectant ses performances et en détériorant son attractivité, altérant la confiance des chargeurs dont les engagements en faveur du fret ferroviaire sont essentiels à la réussite de ce dernier », prévient l’AUTF. Celle-ci estime que les nouvelles sociétés auront des atouts à faire valoir dans ce cadre, bénéficiant « d’un maillage hexagonal et d’une expertise dans le wagon isolé avérée », mais pourraient donc pâtir de cet important retard au démarrage.
A suivre…
Christine Gilguy