La dernière étude sur les retards de paiement en Europe dans le secteur BtoB publiée par le groupe français Altares, spécialiste de l’information de solvabilité sur les entreprises, confirme une tendance à la dégradation observée par d’autres acteurs.
En France, le signe le plus clair de la dégradation des comportements de paiement des entreprises, sensible depuis l’an dernier, est l’allongement de la durée des retards de paiement : 12,9 jours (j) en moyenne au 1er semestre (S1) 2024, soit un jour de plus que la même période de 2023, dont 12,5 jours pour le secteur privé et 13 j pour le secteur public. Actuellement, seulement 48,7 % des entreprises, moins d’une sur deux, paye donc en temps et en heure selon l’étude publiée par Altares, qui s’appuie, pour l’international, sur les données de son partenaire Dun & Bradstreet.
Qu’en est-il en Europe ?
La tendance est similaire mais la France est en train de rejoindre la moyenne européenne plus rapidement. D’après Altares, la crise sanitaire avait porté les retards de paiement en France comme en Europe au-delà de 14 j avant que la situation ne se détende progressivement en 2022 et 2023 avec une durée des retards ramenée à 12 j pour la France et 13 j pour l’Europe.
La tendance a été semble-t-il stoppée nette l’an dernier. Depuis l’été 2023, la dégradation est généralisée mais « les comportements de paiement se dégradent plus vite en France qu’en Europe ». Au S1 2024, les retards s’allongent de +0,6 j pour la France contre +0,2 j à échelle Europe.
Amélioration au Royaume-Uni, dégradation en Europe du Sud
Les entreprises qui payent le plus à l’heure restent dans le nord de l’Europe. Au Pays-Bas, où plus 80 % des entreprises respectent les échéances de paiement, le retard moyen à même tendance à baissé : 3 j au S1 2024, soit -0,3 j. En Allemagne, même si une légère dégradation est signalée, le comportement payeur reste excellent : 6,6 j de retard en moyenne, avec 60 % des entreprises qui payent à l’heure.
Dans la moyenne européenne des retards de paiement, outre la France, on retrouve la Belgique (12,3 jours), l’Irlande et le Royaume-Uni (12,2 jours). Dans ce dernier pays, les entreprises reviennent de loin mais leur comportement de paiement s’améliorent nettement depuis la période du Brexit. « Si la moitié des entreprises belges décalent leurs règlements de 1 à 30 jours, leurs homologues britanniques sont bien plus vertueuses, précise Altares. Ces dernières s’inscrivent dans une amélioration constante de leurs comportements de paiement depuis plusieurs années. Elles étaient moins de quatre sur dix à respecter les dates d’échéances au printemps 2022 ; elles sont près de six sur dix (57%) désormais ».
En revanche, les entreprises dans les pays du Sud de l’Europe affichent les retards les plus importants de la zone, avec une situation qui se dégrade. L’Espagne franchit à nouveau la barre des 15 jours de retard (15,3 j), l’Italie celle des 17 jours (17,1 j) et le Portugal renoue avec un retard moyen de plus de 24 jours (24,3 j).
La dégradation des retards de paiement est un mauvais signal pour les économies européennes tout autant que pour les responsable de la gestion des risques de crédit dans les entreprises, affectant particulièrement les PME et TPE. « Moins d’une organisation française sur deux (48,7%) paye ses fournisseurs à l’heure et c’est à peine mieux en Europe (50,5%), constate Thierry Million, directeur des études d’Altares. Une performance très insuffisante et régulièrement pointée du doigt que les initiatives européennes ou françaises ne permettent pas pour le moment d’améliorer. »
Affectant la trésorerie des entreprises, des retards trop important font monter le risque de défaillance des entreprises qui les subissent. « Chaque jour de retard représente une somme colossale qu’il faut financer, commente Thierry Million. Parfois impossible à couvrir, ce besoin de financement peut précipiter le créancier vers la défaillance. Des travaux de recherche ont montré que l’existence de retards de règlement des clients augmente la probabilité de défaillance du fournisseur de 25 % et même 40 % lorsque les retards sont supérieurs à 30 jours ».
C.G