L’entreprise clermontoise a entamé début août des discussions avec le fabricant turc de PET Sasa pour installer à Adana une usine sous licence de biorecyclage utilisant des enzymes pour décomposer ces matières plastiques. Respectueuse de l’environnement cette technologie développée par Carbios fait florès à l’international, où la PME tisse sa toile.
Si les discussions entamées par les deux entreprises aboutissent, Carbios pourrait ajouter à son palmarès rien de moins que l’un des plus grands fabricants mondiaux de polyester, de fibres, de fils de filaments, de polymères à base de polyester, de polymères de spécialité et d’intermédiaires polymères.
Cet accord de licence permettrait à Sasa de construire et d’exploiter une usine de dépolymérisation enzymatique à Adana, en Turquie, d’une capacité de transformation de 100 000 tonnes de déchets de PET (polyethylene terephthalate) et de textiles en polyester en pellets, fibres et textiles. Grâce à la technologie de biorecyclage de Carbios, Sasa espère diversifier son offre et mieux répondre à la demande mondiale de matériaux durables dans l’industrie textile, en particulier sur le continent européen.
Nouvelles obligations réglementaires en 2030
En effet, selon la PME française, moins de 1 % des déchets textiles sont actuellement recyclés en nouvelles fibres textiles. Les réglementations européennes évoluant vers l’incorporation d’un contenu recyclé plus important (au moins 20 % de fibres recyclées d’ici 2030), la demande de polyester recyclé dans l’Union européenne est appelée à augmenter fortement dans les prochaines années. Les fournisseurs turcs mais aussi asiatiques devront donc s’adapter à cette nouvelle donne réglementaire.
Des discussions en Turquie, en Chine et au Royaume-Uni
La technologie de dépolymérisation enzymatique, qui permet de recycler sans solvant les déchets plastiques et textiles en PET, devrait permettre à des entreprises de secteurs divers et variés de réduire leurs déchets. Cette solution, grâce à laquelle Carbios espère devenir un fournisseur majeur de technologie de pointe pour le recyclage d’ici à 2035, a également fait l’objet, fin juin, d’une autre lettre d’intention, signée du groupe chinois Zhink, qui produit quelque 3 millions de tonnes de PET chaque année en Chine et ailleurs en Asie.
Des négociations sont également en cours avec FCC Environment UK (FCC), l’une des principales sociétés de recyclage et de gestion des déchets au Royaume-Uni. En Allemagne, Carbios a conclu un accord d’approvisionnement avec Hündgen qui fournira 15 000 tonnes par an de PET post-consommation àla première usine de biorecyclage du PET au monde, actuellement en construction à Longlaville, en France.
Enfin, l’entreprise fondée en 2011 par Truffle Capital, a créé avec L’Oréal un consortium dédié à l’emballage auquel participent des multinationales de l’agroalimentaire comme Nestlé Waters, PepsiCo et Suntory Beverage & Food Europe sont membres d’un consortium d’emballage fondé par Carbios et L’Oréal. Elle collabore également avec Patagonia, Puma, PVH Corp. et Salomon au sein d’un consortium textile. De quoi envisager l’avenir avec confiance.
Sophie Creusillet