Après la victoire de Viktor Ianoukovitch au scrutin présidentiel du 7 février dernier, les observateurs s´attendent à un retour des investisseurs dans l´agriculture ukrainienne. Si nombre de projets ont été gelés ces derniers mois, la fin de l´incertitude politique et la reprise très progressive de l´économie mondiale vont redonner à l´Ukraine toute son attractivité.
L´ancienne République soviétique a fait l´objet d´un classement particulièrement flatteur de la part de l´Organisation mondiale du commerce (OMC) en matière d´exportation dans le monde en 2008-2009 : numéro trois pour les céréales (10,7 % du volume des ventes) et sixième pour le blé et la farine de blé (9,5 %).
Certes, la position du chef de l´Etat, opposé, comme le Parlement, à la vente de terres agricoles, n´est pas favorable aux investisseurs internationaux. « Mais la location de terres présente aussi un avantage appréciable », expliquait au MOCI Dmytro Kuchnir, chef du secteur Agroalimentaire à la Mission économique de Kiev, lors des traditionnelles Rencontres agroalimentaires d´Ubifrance, organisées le 3 mars dernier. « Comme les prix de location sont relativement bons, de l´ordre de 30 euros par ha et par an, les investisseurs peuvent administrer de grandes surfaces, ce qui n´aurait sans doute pas été possible, selon lui, en cas d´acquisition ».
Ainsi, AgroGénération, qui loue quelque 20 000 hectares de terres cultivables en Ukraine, vise 100 000 ha d´ici à 2012. Un de ses actionnaires, Champagne-Céréales, veut à nouer des alliances avec d´autres acteurs sur place, comme Soufflet et Euralis, en raison du manque de financement.
« Trouver le financement est la plus grande difficulté du moment », commente Dmytro Kuchnir. Maïsadour Semences a dû, par exemple, recourir à un prêt de 13 millions d´euros de la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) pour la réalisation d´une usine de transformation près de Dnepropetrovsk. « Pour autant, c´est le bon moment d´investir, car les prix du matériel ou des services diminuent », insiste Dmytro Kuchnir. Pour sa part, Bonduelle a annoncé un investissement de 40 millions d’euros dans la construction d’une usine de production de légumes en conserves et légumes surgelés, dans la région de Tcherkassy.
François Pargny