Les ports français ne sont pas les seuls à faire face à des mouvements sociaux actuellement, les ports allemands sont également concernés. Le débrayage des dockers sur fond de négociation d’une nouvelle convention collective intervient alors que les taux de fret maritime sont repartis à la hausse et font craindre retards et goulets d’étranglement.
« Cette situation aura des répercussions considérables sur notre réseau, de nombreux navires devant déjà travailler aujourd’hui et demain, s’est inquiété Maersk dans un communiqué. Compte tenu des perspectives actuelles concernant les navires, nous nous attendons à un effet d’entraînement pour tous les navires. Par conséquent, cela entraînera des retards supplémentaires. »
Vendredi 15 juin, le Vereinte Dienstleistungsgewerkschaft (« syndicat unifié des services » ou ver.di) a appelé les dockers de Hambourg, troisième port d’Europe en termes de manutention de conteneurs, après Rotterdam et Anvers, à cesser le travail après l’échec des négociations d’une nouvelle convention collective pour les quelque 11 500 travailleurs des ports allemands de la mer du Nord. En Allemagne, ces corpus de règles encadrant le travail dans un secteur donné sont renégociés tous les 12 mois. Le syndicat réclame une augmentation de 3 euros du salaire horaire (avec effet rétroactif au 1er juin) et une augmentation des primes d’équipe.
Risques de retards
Jusqu’à présent, l’association des entreprises portuaires maritimes allemandes (ZDS) a proposé une augmentation de salaire de 2,5 % au 1er juin, avec au moins 60 centimes de plus par heure. Les primes d’équipe devraient ainsi augmenter de 24 centimes à 2,50 euros.
Lundi 17 juin, le mouvement s’était étendu aux ports de Brême (plaque tournante des exportations et importations de voitures), Brake et Emden. A Hambourg, l’activité des terminaux à conteneurs de Burchardkai (CTB), Altenwerder (CTA) et Tollerort (CTT) a été suspendue, mais un service d’urgence a toutefois été assuré. Dans l’après-midi, des porte-conteneurs attendaient devant les terminaux Eurogate et CTB.
Ce n’est pas la première fois que les travailleurs portuaires allemands entrent en grève. En 2022, les négociations collectives s’étaient également accompagnées d’actions syndicales, qui avaient paralysé les ports pendant près de 80 heures. Deux ans plus tard, le contexte est différent. Cette grève survient alors que la capacité du port de Hambourg est estimée entre 65 % et 90 %, laissant augurer d’importants goulets d’étranglements dans ses installations.
Hausse des taux de fret
En outre, le coût du transport maritime est en train de monter en flèche notamment en raison de l’impossibilité de naviguer en mer Rouge pour des raisons de sécurité, obligeant les compagnies maritimes à faire passer les navires per le cap de Bonne Espérance. Le taux spot pour un conteneur de 40 pieds entre l’Asie est Rotterdam était ainsi de 6 117 dollars la semaine dernière.
Autre sujet de grogne parmi les grévistes : le projet de MSC, plus grand armateur au monde, de monter au capital du Hamburger Hafen und Logistik AG (HHLA), l’entreprise qui exploite trois terminaux à conteneurs du port de Hambourg (Altenwerder, Burchardkai et Tollerort) et est cotée en bourse.
En France, les grèves repoussées à la rentrée
Pendant ce temps, en France, les syndicats ont entamé plusieurs grèves d’une journée, ainsi que de nombreux arrêts de travail de quatre heures ce mois-ci, pour protester contre la réforme des retraites.
D’autres grèves de 24 heures étaient prévues les 21 et 25 juin, ainsi que des débrayages de quatre heures trois jours par semaine ce mois-ci au Havre, à Marseille-Fos, à Dunkerque, à Rouen, à Bordeaux et à Nantes Saint-Nazaire. Mais dissolution de l’Assemblée nationale oblige, ces grèves n’auront finalement pas lieu. N’ayant plus d’interlocuteur au gouvernement, la Fédération nationale des ports et docks CGT a annoncé, mercredi 12 juin, reporter ces mouvements sociaux contre l’application de la réforme des retraites aux 26 et 27 septembre prochains.
Sophie Creusillet