Le lancement samedi 13 avril de plus de 200 drones et missiles par l’Iran sur Israël n’a pas provoqué de panique sur les marchés pétroliers ni de hausse des taux de fret maritime. Les craintes se portent désormais sur une possible coupure du détroit d’Ormuz.
Lundi 15 avril au matin, le cours du baril de Brent était en légère baisse et, comme si de rien n’était, continuait à s’apprécier autour de 90 dollars, son cours moyen depuis l’attaque, attribuée à Israël, de l’ambassade d’Iran en Syrie, le 1er avril. Selon le cabinet Asterès, « deux éléments expliquent cette tendance : l’attaque était attendue par les marchés, donc déjà « intégrée dans les prix » et le marché pétrolier dispose de capacités supplémentaires qui limitent le risque de hausse de prix ».
ING rappelle que les risques liés à l’offre sont pour l’heure limités, l’Opep+ disposant de 5 millions de barils jour (mbj) de capacité non utilisée et les Etats-Unis ayant la possibilité de libérer des stocks de brut de leur réserve stratégique en cas de tension sur les prix.
Du côté du transport maritime, la saisie par l’Iran, vendredi 12 avril, du MSC Aries, propriété de Gortal Shipping Inc, une société affiliée à Zodiac Maritime, dirigé par le milliardaire israélien Eyal Ofer, aurait également dû provoquer une flambée des taux de fret. Il n’en a rien été. « Les attaques de navires marchands en mer Rouge par les Houthis avaient entraîné une chute de la fréquentation du canal de Suez et une hausse du prix transport maritime. La saisie d’un navire par l’Iran dans le détroit d’Ormuz a également fait craindre une hausse des tensions sur le transport maritime. Cependant, le coût du transport entre l’Asie et l’Europe (une route qui passe par le canal de Suez et la mer Rouge) est plutôt orienté à la baisse depuis plusieurs semaines et se rapproche de son prix moyen de long terme, explique une note d’Asterès. Le fait que certains navires contournent l’Afrique pour éviter la mer Rouge ne semble pas, à ce stade, paralyser sensiblement le commerce mondial. »
La prudence est de mise
Pour les analystes, cette attaque sans précédent de la part de Téhéran ne devrait pas avoir de conséquence immédiate sur le commerce international. « Au-delà de cette nouvelle flambée d’incertitude, le conflit actuel entre Israël et l’Iran de devrait pas avoir d’incidence sur l’économie mondiale », souligne une note de la banque allemande Berenberg qui rappelle que ni les attaques des Houthis en mer Rouge, ni la guerre dans la bande de Gaza n’ont eu d’impact sur le cours de l’économie mondiale.
Une conclusion que ne partage pas le gouvernement français, à en croire les déclarations de Bruno Le Maire en amont des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington. Au cours d’un échange avec la presse, le ministre de l’Economie a en effet estimé qu’une « dégradation supplémentaire au Proche et Moyen-Orient » aura « un impact économique lourd ».
En outre, le monde n’est pas à l’abri d’un choc pétrolier, prévient Atérès : « Un nouveau choc inflationniste et une paralysie du commerce mondial (si les attaques de navires devenaient systématiques) reste un scénario possible, ce qui équivaudrait à un retour à la situation de 2021-2022, quand les délais d’approvisionnements s’étaient allongés et les prix de l’énergie s’étaient envolés ».
Sophie Creusillet