La dernière livraison de l’Indice de perception de la corruption (IPC)* dressé chaque année par l’ONG Transparency International constate une stagnation générale de la lutte contre la corruption dans le monde. Entre 2018 et 2023, 12 pays ont vu leur IPC baisser et 23 pays ont enregistré, l’an dernier, le plus mauvais score de leur histoire. Revue de détail.
La corruption a de beaux jours devant elle, à en croire les conclusions du dernier classement de Transparency International, qui passe au crible 180 pays et leur attribue un score de 0 (forte corruption) à 100 (aucune) en fonction des pratiques observées dans leurs secteurs publics respectifs. A l’échelle mondiale, l’IPC moyen demeure inchangé, avec un score de 43.
Pour la douzième année consécutive, les deux tiers des pays couverts par cette étude ne passent pas la barre du 50 et continuent de rencontrer de graves problèmes de corruption. Dans le détail, les deux extrémités du classement connaissent peu de changements. Avec un score de 90, le Danemark continue de caracoler en tête, suivi de près par la Finlande (87) et la Nouvelle-Zélande (85).
Les pays à forts revenus également concernés
La Somalie (11), le Venezuela (13), la Syrie (13), le Soudan du Sud (13) et le Yémen (16), traversées par des crises prolongées, essentiellement des conflits armés, occupent les dernières places sur l’indice.
En outre, 23 pays obtiennent cette année le plus mauvais score de leur histoire. Si ce groupe de pays comporte des États autoritaire comme l’Iran (24), la Russie (26), le Tadjikistan (20) ou encore le Venezuela (13), il compte aussi des démocraties de premier plan, même si celles-ci sont bien mieux positionnées, comme l’Islande (72), les Pays-Bas (79), la Suède (82) et le Royaume-Uni (71).
Analysée sur un temps plus long qu’une seule année, la tendance reste observable : la dégradation de l’IPC se constate dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, comme on peut s’y attendre, mais également dans des économies à revenu intermédiaire supérieur ou à revenu élevé. Ainsi, entre 20118 et 2023, 12 pays ont vu leur score de l’IPC baisser de manière significative : le Salvador (31), le Honduras (23), le Liberia (25), le Myanmar (20), le Nicaragua (17), le Sri Lanka (34) et le Venezuela (13), mais aussi l’Argentine (37), l’Autriche (71), la Pologne (54), la Turquie (34) et le Royaume-Uni (71).
Une forte dégradation de l’état de droit
Malgré cette stagnation globale de la lutte contre la corruption, huit pays ont amélioré leur score au cours de la même période : l’Irlande (77), la Corée du Sud (63), l’Arménie (46), le Vietnam (42), les Maldives (40), la Moldavie (39), l’Angola (33) et l’Ouzbékistan (31).
Ces bonnes nouvelles ne sauraient pour autant masquer une tendance générale à l’appauvrissement de l’état de droit. A l’autre bout du classement, le trio de tête est également parmi les mieux classés selon l’indicateur spécifique sur l’état de droit.
En fragilisant la justice, les régimes autoritaires aussi bien que les dirigeants partisans de la démocratie, renforcent l’impunité des actes de corruption. Pour François Valérian, président de Transparency International, « la corruption aura de beaux jours devant elle tant que les systèmes judiciaires ne pourront pas sanctionner les actes répréhensibles et maintenir les gouvernements sous contrôle ».
Sophie Creusillet
*Pour consulter en ligne les indices de perception de la corruption par pays sur le site de Transparency International, cliquez ici !