La morosité persiste chez les consommateurs européens, qui achètent moins et épargnent plus, mais sans s’aggraver. Et ils ont envie de voyages et de loisirs en 2024. C’est ce qui ressort des principales tendances du baromètre européen de Cetelem, dont les résultats ont été publiés le 5 février. Revue de détail.
« Le moral des Européens reste quasi stable d’une année sur l’autre, indique ainsi dans un communiqué Cetelem. La situation de leur pays et leur moral demeurent, en effet, impactés par un contexte politico-économique difficile ». Ce qui se traduit par une note de 5 sur 10 pour la situation de leur pays, est de 6 sur 10 concernant leur situation personnelle, en très légère progression de 0,1 point respectivement. Mais ces notes sont en-dessous de leur niveau d’avant crise Covid.
L’étude annuelle de l’Observatoire Cetelem sur la consommation européenne a été réalisée par Harris Interactive en novembre 2023 dans 10 pays d’Europe : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, et Suède.
Recul du moral des consommateurs allemands et français
Toutefois, les évolutions sont contrastées selon les pays. L’Allemagne et dans une moindre mesure la France se distinguent ainsi par une détérioration plus poussée du moral des ménages avec des notes en recul sur les deux indicateurs. Pour les Allemands, l’évolution est de -0,5 point à 5,2 points sur 10 sur la situation du pays et -0,3 point à 5,9 concernant leur situation personnelle. Pour leur part, les Français notent 4,9 / 10 la situation de leur pays (-0,1 point) et 5,9 leur situation personnelle (-0,1 point).
Malgré une décélération de l’inflation, la hausse des prix reste une préoccupation majeure des consommateurs européens : pour 87 % d’entre eux, l’inflation est la préoccupation la plus importante devant la situation géopolitique internationale (83 %).
Ainsi, 88 % d’entre eux considèrent que les prix ont augmenté en 2023 (dont 89 % pour les Allemands et français), et ils sont encore plus de la moitié – 59 %– estimant qu’ils ont « fortement augmenté » (-10 points sur 1 an) et 29 % à estimer qu’ils ont « plutôt augmenté » (+7 points). Cette inflation est plus fortement ressentie en Europe du Sud : les prix ont « fortement augmenté » pour 81 % des Portugais et 65 % des Espagnols et Italiens.
En termes de pouvoir d’achat, pointe une légère amélioration de la perception des Européens : moins de la moitié, 48 %, estiment qu’il a reculé l’an dernier (contre 53 % précédemment) et 19 % jugent qu’il a augmenté (18% l’an dernier). La proportion de ceux qui disent que leur pouvoir d’achat est resté stable d’une année sur l’autre est en hausse de 4 points, à 33 %. A noter que c’est au Portugal et en France que le ressenti est le plus négatif avec respectivement 58 % et 55 % des personnes interrogées qui disent que leur pouvoir d’achat a baissé.
Baisses des dépenses, hausse des intentions d’épargne
Dans ce contexte, sans surprise, les Européens ont rogné sur certaines dépenses jugées superflues en 2023 : 62 % (dont 65 % des Français) ont ainsi réduit leurs achats de loisirs et 58 % leurs dépenses liées aux vacances (59 % pour les Français) ; 54 % ont diminué leurs dépenses vêtements et chaussures (60 % des Français ) et 37 % leurs achats alimentaires (44 % pour la France) ; 52 % ont réduit leurs dépenses d’équipement de la maison -ameublement, électroménager, TV hifi-vidéo- (53% en France).
Pour l’année 2024, on s’en doute, les intentions d’épargne sont au plus haut : 53 % des Européens déclarent vouloir mettre plus d’argent de côté en 2024 (51 % l’an passé). Seules l’Allemagne et la Suède sont à contre-courant avec des intentions d’épargne en recul de respectivement 2 et 3 points (57 %).
Mais les « envies » d’achats résistent à 53 % des Européens. Avec en tête les voyages et les loisirs avec 59 % (+5 points), loin devant les abonnements à une plateforme de streaming vidéo (41 %), et celles liées à de l’électroménager (40 %).
« Le contexte reste difficile pour des consommateurs européens qui ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation en 2023, commente Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem, cité par un communiqué. La baisse progressive de l’inflation n’est pas encore complètement perçue. Malgré tout, le scénario central pour 2024 reste celui d’une consommation des ménages qui, sans être euphorique, restera résiliente. Il faudra surveiller les niveaux d’épargne. En effet, la hausse des taux d’intérêts pourrait inciter les Européens à augmenter leur épargne comme le confirme notre baromètre Observatoire Cetelem 2024. »
« Le pire est-il passé ? » interroge l’étude. Rien n’est moins sûr…
C.G
L’étude de l’Observatoire Cetelem est disponible en ligne sur son site : cliquez ICI