Prix « coup de cœur » du palmarès Moci 2023, Micr’Eau exporte en Amérique latine son savoir-faire dans le domaine du biogaz et du traitement de l’eau. Très présente au Chili où elle est implantée de longue date, cette PME qui réalise 75 % de chiffre d’affaires à l’export mise sur son expertise dans un secteur en plein essor pour étendre sa toile en Amérique latine.
« Rien qu’hier, nous avons reçu quatre consultations pour des projets à 500 000 euros », se réjouit Pascal Guasp, fondateur et dirigeant de Micr’Eau. Lancée en 2016 par cet ancien de la Lyonnaise des Eaux, de Suez et Veolia, la PME, qui a débuté son activité dans le traitement de l’eau s’est ensuite diversifiée dans le biogaz, grâce à l’obtention dans les années 2000 d’un contrat de distribution de gazomètres, utilisés pour le stockage du biogaz.
« Le secteur du biogaz s’est envolé dans les années 2010 alors que nous avions déjà acquis une expertise suffisamment importante pour que des grands groupes comme Veolia ou Suez viennent nous consulter », se souvient le dirigeant qui a quitté le monde des grandes entreprises à 34 ans par peur de l’ennui et envie de lancer sa propre société.
Il rachète en 2013 Eau Pure, une société de traitement de l’eau (adoucisseurs, osmoseurs…) bien installée à l’international avec quatre filiales à l’étranger. « J’ai toujours été passionné par l’international et j’ai eu l’occasion pendant ma carrière de vivre en Allemagne, à Macao et aux Etats-Unis. »
De l’eau à l’hydrogène en passant par le biogaz
Finalement, c’est au marché chilien que Pascal Guasp doit l’envol de son entreprise. « Nous sommes arrivés grâce à notre activité de traitement de l’eau dans ce pays qui connaît d’importants problèmes de sécheresse. » La PME s’est en effet taillé une réputation auprès de grands groupes dans le traitement de l’eau polluée à l’arsenic. Elle y développe également son activité dans le biogaz ou fournissant des gazomètres à Suez, présent sur place.
En 2023, afin de compléter son activité et de fournir des packages complets à ses clients, Micr’Eau rachète le fabriquant néerlandais de torchères Hofstetter. Après le biogaz, la PME s’investit dans le nouvel or vert, mis sur le devant de la scène à la faveur de l’envolée des prix de l’énergie : l’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables. Le Chili, où la fourniture d’électricité dans des régions reculées reste problématique, a en effet alloué des financements destinés à de grands projets d’hydrogène dans le pays.
Cap sur la Colombie
Fin 2022, elle remporte en effet l’appel à projets internationaux de la DG Trésor pour des solutions d’autonomie énergétique, financé par le Fasep (Fond d’étude et d’aide au secteur privé) à hauteur de 500 000 euros. Pour ce faire, elle s’est alliée à une autre PME tricolore, H2SYS, qui conçoit des générateurs à hydrogène vert et qu’elle a rencontrée par le biais de Bpifrance. L’objectif est de pallier les problèmes d’approvisionnement en électricité des petites sociétés minières dans cette région où les grandes compagnies qui dominent le secteur ont développé un système énergétique isolé du réseau principal.
Sa forte présence au Chili, où elle possède deux filiales (une à Santiago et une à Antofagasta, pour suivre l’activité minière) ne l’empêche pas de lorgner vers d’autres marchés. Si des contrats ont été conclus en Argentine et au Pérou c’est sur la Colombie que le dirigeant a jeté son dévolu. « C’est un pays méconnu où j’ai rencontré des gens qui travaillent avec envie et sérieux. J’ai déjà été sollicité pour plusieurs projets dans le biogaz par des entreprises du secteur militaire ou des télécoms, par exemple. Et c’est un marché sur lequel nous n’avons pas beaucoup de concurrents. »
Sophie Creusillet