La 14e cérémonie du palmarès du Moci a désigné ses lauréats mardi 5 décembre à Paris, lors d’une soirée organisée en partenariat avec la CCI de Paris Ile-de-France, pour la clôture de son événement « Faites de l’international ». Organisés avec le soutien de BNP Paribas, Bpifrance, Business France, Crédit Agricole, Stratexio et la Team France Export, ces prix distinguent chaque année les PME, TPE et startup qui s’épanouissent à l’international.
Catégorie « exportateur francilien » : Histovery
En 10 ans d’existence, cette PME parisienne est devenue un des leaders mondiaux de la création de visites augmentées pour les musées et les sites historiques ou culturels. Grâce aux technologies de l’immersion, de la 3D et de la réalité augmentée, Histovery crée des contenus interactifs proposés sur sa tablette HistoPad aujourd’hui distribuée à plus de 3 millions de visiteurs par an, sur 18 sites en Europe et dans le monde. Elle produit également des expositions augmentées qui parcourent le monde à l’instar de celle dédiée à Notre-Dame (Dubaï, Washington, La Nouvelle-Orléans, Dresde, Shanghai, Montréal, Mexico et, bientôt, Séoul). Son exposition D-Day : Freedom from above sera présentée lors de la commémoration des 80 ans du débarquement en 2024 et au National Museum of the U.S. Army, aux Etats-Unis où l’entreprise francilienne de 30 salariés a ouvert cette année une filiale. Au total, cette PME star des industries culturelles et créatives (ICC) réalise 46 % de son chiffre d’affaires à l’étranger.
« Nous n’exportons pas qu’une technologie mais aussi l’histoire de la France, de ses lieux, de ses personnages et des ses époques. Nous donnons à voir et à comprendre »
Bruno de Sa Moreira, CEO d’Histovery
Catégorie « développement remarquable à l’international » : Daussan
Spécialiste des hautes températures depuis 1936, cette PME industrielle installée en Moselle conçoit et fabrique en France, en Italie et en Turquie des produits pour l’isolation thermique et la protection feu destinés au BTP et à la pétrochimie. Cette entreprise familiale de 60 personnes tranche dans un secteur très concentré et largement dominé par de grandes entreprises et coche toutes les cases d’un « développement remarquable à l’international » : la part de son chiffre d’affaires à l’export (les deux tiers), sa capacité à développer des partenariats de longue durée, sa prospection constante de nouvelles opportunités de marché (récemment l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, bientôt l’Amérique latine et la région Indo-Pacifique, le Maghreb et l’Egypte depuis sa filiale turque), l’innovation (Daussan fut précurseur des solutions projetées dans les années 1980, une méthode aujourd’hui utilisée partout dans le monde) et une petite taille qui lui permet plus de flexibilité que les géants du secteur.
« Nous sommes à la fois très ancrés dans notre territoire et très présents à l’international notamment avec nos filiales italienne et turque. Et nous comptons en ouvrir d’autres ! »
Laurène Weizman, CEO de Daussan
Catégorie « stratégie de financement de l’export » : Piriou
Le groupe de construction et de réparation navales installé à Concarneau s’est spécialisé dans les navires civiles (pêche, remorquage, passagers…) et ceux destinés à l’action de l’Etat en mer (patrouilleurs, transport…) via Kership, une coentreprise avec Naval Group. L’ETI de 1500 personnes, qui possède actuellement deux chantiers navals, en Roumanie et au Vietnam, ainsi qu’un chantier de réparation au Nigeria réalise 61 % de son chiffre d’affaires à l’international. Pour promouvoir ses ventes à l’export Piriou propose à ses clients des crédits acheteurs ou des crédits fournisseurs refinancés, selon la taille du contrat, garantis par Bpifrance et/ou des assureurs crédits privés. L’entreprise a intégré en 2018 le Pass Export de Bpifrance, un dispositif permettant de bénéficier de plafonds de quotités garanties en contrepartie en contrepartie d’une part française moyenne à respecter lors de la réalisation des contrats. Pour financer la construction de navires vendus à l’étranger, elle utilise l’assurance caution export et l’assurance préfinancement export de Bpifrance. Elle souscrit également des assurances export de la banque publique ou d’établissements privés. Enfin pour financer son développement à l’international, le constructeur naval a recours à des crédits d’acquisition et des crédits d’investissement auprès d’un pool bancaire et de Bpifrance qui intervient en cofinancement.
« Nous nous appuyons sur un riche écosystème de financements développés en France »
Fabien Toulemonde, responsable trésorerie et financements
Catégorie « primo-exportateur » : Laboratoires Kôl
Après sa création en 2020, cette jeune pousse clermontoise de l’industrie pharmaceutique spécialisée dans l’ophtalmologie a rapidement investi l’international : le Maroc, la Tunisie et la Belgique avec un collyre prévenant le rejet de greffe de cornée. Elle produit également le premier collyre au monde à ARN messager, disponible en France depuis mai 2023 et utilisé comme traitement de la DMLA (dégénération maculaire liée à l’âge). La même année, Laboratoires Kôl a obtenu l’autorisation de commercialisation de ses produits aux Emirats arabes unis, au Koweit, en Arabie saoudite et au Qatar via un distributeur émirati. Le laboratoire a également engagé des démarches de prospection et d’enregistrement de ses produits en Espagne et en Italie. Cette start-up orientée international depuis sa création entend poursuivre son développement en Europe à raison de deux pays par an ainsi qu’au grand export. Elle procède actuellement à une analyse stratégique réglementaire de ses deux produits pour les Etats-Unis et a engagé des discussions en Amérique latine. En 2022, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 6,2 millions d’euros, dont 8 % à l’export, une part en hausse de 730 % par rapport à 2021.
« Il n’y a pas de frontières pour traiter les malades mais chaque pays dispose de son agence de santé. Les accès dérogatoires pour les maladies rares nous permettent d’aller vite »
Sophie Momège, CEO
Catégorie « startup » : Lhyfe
Fondée en 2017, la jeune pousse qui produit et fournit de l’hydrogène vert et renouvelable dispose de cinq filiales en Europe, une au Royaume-Uni et une au Canada, ainsi que de quatre bureaux sur le Vieux Continent. En 2021, Lhyfe a ouvert le premier site industriel de production d’hydrogène vert en connexion directe avec un parc éolien. Elle a également inauguré l’année suivante la première plateforme pilote de production d’hydrogène vert en mer au monde. Dans un secteur en plein croissance aux quatre coins de la planète, l’international était une évidence pour la start-up nantaise dont le portefeuille commercial se répartit entre l’Europe de l’Ouest (56 %), l’Europe du Nord (42 %) et l’Europe du Sud (2 %). Côté financements, elle a levé 184 millions d’euros depuis 2019 et en entrée en bourse en mai 2022. Par ailleurs, elle a formé une équipe spécialisée dans la recherche et l’obtention de subventions prévues par les mécanismes de financement locaux et européens. A ce rythme, Lhyfe ambitionne de devenir leader de l’hydrogène vert livré par conteneurs en France et en Allemagne d’ici 2025.
« Quand on est engagé et qu’on veut décarboner, ça fait partie de l’ADN de l’entreprise d’aller à l’international »
Thibaud Dentin, directeur des affaires publiques France
Catégorie « coup de cœur du jury » : Micr’eau
Cette PME de 35 personnes très présente au Chili, où elle a créé une filiale en 2014 et racheté une société de service en 2021, est spécialisée dans le traitement des eaux polluées à l’arsenic, au fer et au manganèse ainsi que dans le stockage et le torchage du biogaz. Alors qu’elle réalise déjà 75 % de chiffre d’affaires (8 millions d’euros en 2022) elle entend accélérer son déploiement sur le continent sud-américain l’an prochain grâce à sa stratégie de conquête du marché du biogaz dans les centres de traitement des déchets en s’appuyant sur Veolia à qui elle fournit torchères et gazomètres. Cette entreprise industrielle et innovante a par ailleurs remporté en 2023 un appel à projets internationaux de la DG Trésor visant à propulser à l’étranger les technologies vertes made in France. Pour le remporter, elle a formé un tandem avec une autre pépite tricolore : H2SYS. Issue du FCLAB (Fuel Cell Lab), une fédération de recherche du CNRS, cette dernière conçoit des systèmes de pile à combustible et des groupes électrogènes à hydrogène adaptés à la géographie chilienne.
« Je reviens d’une importante mission de prospection en Amérique latine sur les déchets et nous y étions attendus par les entreprises locales »
Pascal Guasp, fondateur et gérant
Sophie Creusillet