Chips JU est le nom du nouvel instrument de l’Union européenne (UE) destiné à booster le développement d’une industrie de semi-conducteurs et renforcer ainsi sa sécurité économique. Conçu comme un partenariat public-privé en vu d’accélérer la R&D et les tests pré-industriels, cette « entreprise commune » a été inaugurée le 1er décembre, avec un premier appel de fonds de 1,67 milliard d’euros (Md EUR) pour développer plusieurs types de lignes pilotes de fabrication de puces.
Chips JU est le nouveau nom de « Technologies numériques clés » (KDT JU — Key Digital Technologies Joint Undertaking), un instrument de partenariat public-privé financé par le programme Horizon Europe. Le nouveau projet est ambitieux : rattraper le retard de l’UE dans l’industrie des semi-conducteurs d’ici 2030.
La Commission l’a officiellement inauguré, le 1er décembre, en le nommant en français l’entreprise commune «Semi-conducteurs» (Chips JU). Destiné à renforcer l’écosystème européen des semi-conducteurs et la « primauté technologique de l’Europe ». Ce nouvel instrument doit permettre, selon la Commission, de combler « le fossé entre la recherche, l’innovation et la production, facilitant ainsi la commercialisation des idées innovantes ».
Le cadre de Chip JU
C’est dans son discours sur l’état de l’Union de 2021 que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a pour la première fois annoncé une stratégie européenne commune pour le secteur des semi-conducteurs. En février 2022, la Commission a proposé le règlement européen sur les puces. En avril 2023, le Parlement européen et les États membres de l’UE sont parvenus à un accord politique sur ce règlement. Le règlement sur les puces est entré en vigueur le 21 septembre 2023 et, avec lui, le règlement sur l’entreprise commune «Semi-conducteurs» et le conseil européen des semi-conducteurs.
Principal axe d’action de cette stratégie : développer des lignes pilotes de fabrication de puces. pour lesquelles. La Commission a annoncé dans ce but le premier appel bénéficiant d’un financement de l’UE de 1,67 Md EUR. Ce montant devrait être complété par des financements de la part des États membres, pour atteindre 3,3 Md EUR, auxquels s’ajouteront également des fonds privés.
Toujours le 1er décembre, le Conseil européen des semi-conducteurs a tenu sa première réunion : il réunit les États membres pour fournir des conseils à la Commission sur la mise en œuvre cohérente du règlement européen sur les puces et sur la collaboration internationale dans le domaine des semi-conducteurs. Cet organe de gouvernance stratégique « constituera la principale plateforme de coordination entre la Commission, les États membres et les parties prenantes pour traiter les questions liées à la résilience de la chaîne d’approvisionnement et aux réactions possibles face aux crises ».
Chips JU, l’entreprise commune «Semi-conducteurs»
Dans le détail, Chips JU est donc le principal levier de mise en œuvre de l’initiative «Semi-conducteurs pour l’Europe» (ou Chips Act) dont le budget total prévu est de 15,8 Md EUR jusqu’en 2030. Ce fonds aura à gérer, d’ici à 2030, une enveloppe estimée à près de 11 Md EUR en provenance de l’UE et des États participants.
Ses principaux axes d’action sont :
-créer des lignes pilotes innovantes, à vocation pré-commerciale, permettant à l’industrie de disposer d’installations de pointe pour tester, expérimenter et valider les technologies des semi-conducteurs et les concepts de conception de systèmes;
-déployer une plateforme de conception en nuage (Cloud) pour les entreprises de conception dans l’ensemble de l’UE;
-soutenir le développement de technologies de pointe et de capacités d‘ingénierie dans le domaine des puces quantiques;
-établir un réseau de centres de compétences et encourager le développement des compétences.
Pour la Commission, les travaux de Chips JU « consolident l’avance technologique de l’Europe en facilitant le transfert de connaissances des laboratoires aux usines, en comblant le fossé entre la recherche, l’innovation et les activités industrielles et en promouvant la commercialisation des technologies innovantes par les entreprises européennes, y compris les jeunes pousses et les PME ».
Premiers appels pour le financement de lignes pilotes
Pour ses premiers appels visant à la création de lignes pilotes innovantes, Chip JU aura donc en charge 1,67 Md EUR de fonds de l’UE. Concrètement, les appels sont ouverts aux organisations qui souhaitent mettre en place des lignes pilotes dans les États membres, généralement des organismes de recherche et de technologie, en lançant des appels à propositions portant sur les technologies suivantes:
-Dispositif «silicium sur isolant totalement déserté», objectif 7 nm: cette architecture de transistors est une innovation européenne qui offre de nets avantages pour des applications à haut débit et économes en énergie. Une feuille de route vers l’objectif 7 nm ouvrira la voie à la prochaine génération de dispositifs semi-conducteurs à haute performance et à faible consommation d’énergie.
-Nœuds de pointe en dessous de 2 nm: cette ligne pilote sera axée sur le développement de technologies de pointe pour les semi-conducteurs avancés d’une taille égale ou inférieure à 2 nanomètres, qui joueront un rôle essentiel dans toute une série d’applications, allant de l’informatique aux dispositifs de communication, en passant par les systèmes de transport et les infrastructures critiques.
-Intégration et assemblage de systèmes hétérogènes: l’intégration hétérogène est une technologie qui présente de plus en plus d’attraits pour l’innovation et l’amélioration des performances. Elle concerne l’utilisation de technologies de mise en boîtier avancées et de techniques d’un genre nouveau permettant de combiner des matériaux, des circuits ou des composants semi-conducteurs pour former un seul système compact.
– Semi-conducteurs à large bande: l’accent sera mis sur les matériaux qui permettent aux appareils électroniques de fonctionner à une tension, une fréquence et une température beaucoup plus élevées que les appareils classiques à base de silicium. Les semi-conducteurs à large bande et à très large bande sont nécessaires au développement de dispositifs électroniques à radiofréquences à haut rendement énergétique, plus légers et moins coûteux.
La date limite pour les appels concernant ces lignes pilotes est fixée au début du mois de mars 2024. Pour en savoir plus : cliquez ICI.