La Commission européenne a annoncé le 17 novembre la signature avec l’Angola du tout premier « accord sur la facilitation des investissements durables (AFID) », dernière génération des accords sur l’investissement direct avec les pays émergents. Il vise à améliorer le climat des affaires tout en aidant à la diversification de l’économie angolaise.
Cet accord, premier du genre signé par l’Union européenne (UE), « répond à la volonté de l’Angola de diversifier son économie au-delà des secteurs du pétrole et du gaz, qui ont attiré la plupart des investissements étrangers par le passé » précise un communiqué de la Commission. Signé lors du Forum des entreprises UE-Angola à Luanda, il vise aussi à stimuler les investissements des entreprises européennes dans de nouveaux secteurs jusqu’à présent peu exploités dans ce pays d’Afrique australe : énergie verte, chaînes de valeur agroalimentaires, innovation numérique, pêche, logistique, matières premières critiques.
L’enjeu n’est pas négligeable : considéré comme un pays à fort potentiel, notamment depuis la fin du régime Dos Santos, l’Angola est la sixième plus importante destination africaine pour les investisseurs de l’UE, totalisant 7 % des investissements directs étrangers (IDE) de l’UE sur le continent, pour un montant de 14,1 milliards d’euros en 2021. Les investissements de l’Angola dans l’UE se sont élevés à 3,5 milliards d’euros en 2021. L’UE est aussi le principal partenaire de l’Angola en matière de commerce et d’investissement.
Promouvoir un meilleur climat des affaires
L’accord contient des engagements en faveur de l‘amélioration du climat des affaires et de la durabilité de l’économie angolaise. Le communiqué de la Commission met en avant les points suivant :
– renforcement de la transparence et la prévisibilité des mesures angolaises liées aux investissements, par exemple en publiant toutes les lois et les conditions applicables aux investissements et en promouvant l’utilisation de portails d’information uniques pour les investisseurs ;
– simplification des procédures angolaises d’autorisation des investissements et en promotion de l’administration en ligne,
–facilitation des interactions entre les investisseurs et l’administration angolaise grâce à la mise en place des points de contact et à la consultation des parties prenantes.
L’AFID UE-Angola intègre également des engagements en matière d’environnement, de climat et de droits du travail dans les relations entre l’UE et l’Angola, par l’intermédiaire des dispositions spécifiques suivantes, entre autres:
– engagement à ne pas affaiblir les lois et normes relatives à l’environnement ou au travail dans le but d’attirer les investissements ;
– engagement à mettre efficacement en œuvre les accords internationaux en matière de travail et d’environnement, y compris l’accord de Paris ;
– promotion de la responsabilité sociale des entreprises et des pratiques commerciales responsables ;
-renforcement de la coopération bilatérale sur les aspects liés aux investissements dans les politiques en matière de changement climatique et d’égalité entre les hommes et les femmes.
Pour la mise en œuvre, précise la Commission « l’UE apportera un soutien technique ». Concrètement, un nouveau programme régional de 2,8 millions d’euros, mis en place par l’UE avec le soutien de la Cnuced, doit permettre au gouvernement angolais de recenser ses principaux besoins en matière de mise en œuvre afin d’adopter ensuite des mesures spécifiques visant à promouvoir le commerce et l’investissement dans le pays et à respecter les engagements de l’AFID.
Pour l’UE, la signature de cet accord est important dans le cadre de sa stratégie « Global Gateway », qui vise à renforcer son soutien au pays en développement en mobilisant des investissements publics et privés dans les infrastructures clés et le secteur productif. En améliorant le cadre réglementaire national, l’AFID contribuera à attirer des investissements plus durables en Angola, espère-t-on à Bruxelles.
C’est aussi la première concrétisation de la « nouvelle initiative en matière d’investissements durables » promise en 2021 par la Commission, lors du réexamen de la politique commerciale de l’Union, et proposée aux partenaires ou régions d’Afrique et du voisinage méridional. « Cette initiative renforcera les liens en matière de commerce et d’investissement durables qui unissent les deux continents et relient les pays d’Afrique entre eux, permettant ainsi d’atteindre les principaux objectifs de la relation UE-Afrique » estime la Commision.
Pour que l’AFID entre en vigueur, il devra toutefois franchir les étapes de la ratification par les institutions des deux pays, dont l’approbation du Parlement européen pour ce qui concerne l’UE.