L’école de management Insead (Institut européen d’administration des affaires) vient de publier la dixième édition de son indice mondial de compétitivité des talents (Global Talent Competitiveness Index, GTCI). Si les pays développés tiennent toujours le haut du pavé, les grands pays émergents gagnent du terrain.
Recruter de jeunes diplômés bien formés et les retenir. A cet exercice, crucial pour la compétitivité économique d’un pays, la Suisse, Singapour et les États-Unis arrivent en tête du classement établi par l’Insead. Le top 25 reste largement dominé par les pays européens avec 17 places, la France pointant au 19e rang.
D’autres pays à fort revenu viennent compléter le haut du classement : l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, les Émirats arabes unis, la Corée du Sud et Israël. Le Japon sort cette année du top 25 au profit de la Corée du Sud qui entre à la 24e place.
Globalement, souligne l’Insead, le top 10 n’a que peu évolué depuis 2013.
Ainsi, huit pays figuraient déjà parmi les dix les plus attractifs pour les jeunes talents. Mais au cours de ces dix dernières années la tendance la plus notable est la progression des grands pays émergents. La Chine est ainsi passée de la catégorie « challenger » à celle de « champion », tandis que le Mexique n’est plus « retardataire », mais « challenger », statut auquel pourrait bientôt accéder le Brésil.
Enfin, l’Indonésie figure parmi les pays qui ont le plus progressé pendant ces dix dernières années.
Des inégalités toujours persistantes
Malgré ces progressions, l’étude relève, au regard des dix derniers classements, que les inégalités entre pays restent marquées tout comme la corrélation richesse/talents. En outre, ces disparités perdurent au sein des sociétés, à l’instar des inégalités hommes-femmes. Surtout, l’intelligence artificielle et de nouveaux modes de travail apparus avec la pandémie de Covid-19 contraignent les entreprises à adapter leur stratégie.
Les auteurs de cette étude s’inquiètent également de la fin d’une tendance qu’ils estiment être l’une des plus positives de la décennie : la « circulation des cerveaux ». Les déplacements ont certes largement repris depuis la fin de la crise sanitaire, mais ce sont désormais les tensions et incertitudes géopolitiques qui limitent « l’enrichissement croisé de talents ».
Ces derniers, sous l’influence de la pandémie et des aspirations de la nouvelle génération, privilégient le développement durable, un meilleur équilibre entre travail et vie personnelle, des postes qui ont du sens ainsi que les contrats courts permettant une plus grande mobilité.
Les entreprises vont donc non seulement avoir à affiner leur stratégie pour attirer de jeunes talents. Mais également pour les retenir.
Sophie Creusillet