La PME nantaise pionnière de l’hydrogène vert poursuit son développement en Europe. Elle vient de lancer le chantier de son plus grand site de production hors de France à Schwäbisch Gmünd, dans le Bade-Wurtemberg. La première d’une série d’usines que la startup entend déployer outre-Rhin dans les prochaines années.
Les programmes allemands de soutien à la décarbonation sourient à la start-up de Loire-Atlantique. Sur un marché des énergies renouvelables en plein développement et ultra concurrentiel, Lhyfe a posé le 12 octobre la première pierre de sa future usine de production d’hydrogène vert dans le sud-ouest du pays. Avec une mise en service prévue au cours du premier semestre 2024, elle devrait produire quotidiennement jusqu’à 4 tonnes du précieux or vert, soit environ 1 000 tonnes par an, sur la base d’une capacité installée de 10 MW.
Ce faisant, le site de Schwäbisch Gmünd deviendra la plus grande usine d’hydrogène vert du Bade-Wurtemberg et la première en connexion directe avec un parc industriel en l’occurrence de H2-Aspen. Elle fournira également une station-service JET H2. Côté financement, ce projet a été cofinancé par le Land et a reçu 6,4 M d’euros du fonds européen de développement régional (FEDER) dans le cadre du programme HyFIVE (Hydrogen For Innovative Vehicles).
Un marché en plein essor
Pour Luc Graré, directeur de Lhyfe pour l’Europe centrale et de l’Est, « ce projet démontre la viabilité économique des solutions à base d’hydrogène pour les secteurs de la mobilité et de l’industrie et témoigne également des efforts du Land de Bade-Wurtemberg pour devenir une région modèle en matière de déploiement d’infrastructures de ravitaillement en hydrogène ».
Pris en étau entre les objectifs de décarbonation européens et une importante dépendance passée au gaz russe, l’Allemagne a récemment multiplié les programmes de soutien aux projets industriels de production d’énergie renouvelables. Alors que l’hydrogène provient essentiellement du Nord de l’Europe (Ecosse et Norvège), la Bavière et le Bade-Wurtemberg, où le tissu industriel est particulièrement dense, ont créé conjointement une alliance pour l’hydrogène (Wasserstoffallianz), visant d’une part à renforcer leur visibilité aux niveaux fédéral et international sur les technologies de l’hydrogène vert et des piles à combustible et, d’autre part à encourager un approvisionnement partant du Sud vers le Nord.
La présence locale, passage obligé pour remporter des appels d’offre
Comme le rapportait Le Moci en juin 2022 à l’occasion de la signature du contrat avec la ville de Schwäbisch Gmünd l’entreprise avait décidé dès le printemps 2020 de créer une structure en Allemagne, « afin d’être présent au niveau local », expliquait alors Pascal Louvet, chargé de développement commercial en Allemagne. Etre présent sur place constitue en effet un atout de poids pour remporter des appels d’offres publics outre-Rhin, même face à une concurrence locale pléthorique.
Présente dans 12 pays européens, Lhyfe ambitionne de devenir un acteur majeur de l’hydrogène vert à l’horizon 2025 en déployant d’autres projet outre-Rhin. Elle s’appuie aujourd’hui sur un portefeuille de projets représentant une capacité de production installée totale de 10,3 GW à travers toute l’Europe. En France, elle a inauguré en 2021 le premier site industriel de production d’hydrogène vert au monde en connexion directe avec un parc éolien.
L’année suivante, le port de Saint-Nazaire a accueilli la première plateforme pilote offshore au monde pour la production d’hydrogène vert, sur la base d’une capacité de production allant jusqu’à 400 kg/jour. Outre la production d’hydrogène à partir d’énergie renouvelable, la PME de 192 personnes mène également des recherches sur la réoxygénation des océans, autre sujet d’avenir.
Sophie Creusillet