La convention entre Business France et le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) a été formellement signée le 3 octobre, devant les cadres de Business France et du SGPI. Elle encadrant le volet international du plan France 2030 prévu dans le plan export, et notamment le programme d’accompagnement export premium qui va être proposé aux lauréats de ses appels à projets. Une charte sur la partie attractivité a également été signée, pour orienter investisseurs et talents étrangers vers les filières prioritaires de France 2030.
L’amphi du siège de Business France à Paris était comble ce 3 octobre, jusqu’aux escaliers qui mènent à la scène en contrebas. Partout, les cadres de Business France et du SGPI réunis pour cette occasion inédite de la première alliance entre l’organisme chargé de mettre en œuvre sur cinq ans les 54 milliards du plan stratégique national France 2030, censé réindustrialiser la France dans des filières d’avenir, et l’agence nationale chargée de l’internationalisation des entreprises.
Sur scène, chacun à son tour est venu expliquer la logique et les objectifs du nouveau dispositif proposé par cette alliance inédite, le ministre délégué en charge du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, Olivier Becht, qui porte la nouvelle stratégie de soutien à l’export, et les deux signataires Bruno Bonnell, le secrétaire général pour l’Investissement chargé du plan France 2030, et Laurent Saint-Martin, le directeur général de Business France.
L’idée de base de ce volet international de France 2030 est simple : faire en sorte que ces entreprises qui développent les industries du futur dans lesquelles investit France 2030 « soient tout de suite tournées vers l’international », a indiqué Olivier Becht.
50 millions d’euros, pour un objectif de 1000 entreprises
De fait, c’est d’un véritable accompagnement à l’international premium dont vont pouvoir bénéficier les entreprises lauréates des appels à projets de France 2030 à travers le nouveau parcours export : un programme sur 30 mois prévoyant du diagnostic, du conseil et de l’accompagnement, dont 50 % des dépenses seront prises en charge par le SGPI dans la limite d’un plafond de 100 000 euros.
Les objectifs fixés aux deux partenaires sont ambitieux : que 1000 entreprises lauréates puissent en bénéficier d’ici 2026. Le SGPI a prévu une enveloppe de 50 millions d’euros pour financer cette action.
Le gisement d’entreprises à fort potentiel que constituent les projets innovants soutenus par France 2030 est d’autant plus prometteur qu’ils sont dans des filières porteuses au niveau mondial : énergie décarbonée, électronique et robotique, matériaux/villes durables, transports, agriculture et alimentation, santé, spatial, décarbonation industrielle, numérique, culture.
D’après Bruno Bonnell, deux ans après son lancement à l’Elysée, France 2030 a déjà injecté 20 milliards d’euros dans 2000 projets. « Vous êtes le fer de lance de ces nouveaux produits que l’on va proposer au monde » a -t-il lancé à l’attention des équipes de Business France.
Le sempiternel schéma stratégique qui consiste à commencer par réussir sur le marché français avant de se lancer hors des frontières est définitivement du passé : aujourd’hui, l’impératif pour les startups et entreprises innovantes est d’entrée « d’avoir une vision planétaire » a développé Bruno Bonnell. « L’internationalisation est un moteur de la réindustrialisation » a complété de son côté Laurent Saint-Martin, rappelant que France 2030 avait « fixé un cap avec une volonté politique et industrielle forte » lors de son lancement le 12 octobre 2021, mais que jusqu’à présent, il lui manquait une brique « export ».
Ce constat d’une brique manquante a été fait en commun par les deux responsables lors d’une rencontre en janvier 2023. L’idée a fait son chemin, intégrant le nouveau plan export du gouvernement. Cette « brique » est donc aujourd’hui intégrée à l’édifice.
Les grands axes de la coopération SGPI France 2030 – Business France
-Création d’un parcours France 2030 export
Réservé aux lauréats des appels à projets, il consiste en un suivi personnalisé de la Team France Export sur 30 mois. Ces PME pourront accéder à tous les accompagnements à l’export proposés par la TFE à un coût réduit de 50 % sur la période 2023-2026. Par ailleurs, France 2030 et ses lauréats bénéficieront d’une mise en avant dédiée sur la Marketplace Business France et celle-ci assurera la promotion des savoir faire et de l’offre française pour les thématiques France 2030 porteuses à l’international.-Attractivité
Afin d’amener en France des briques technologiques qui manquent encore, Business France devra orienter la recherche de projets d’implantation s’inscrivant dans les priorités de France 2030 ou susceptibles de faire l’objet d’un accompagnement financier au titre de France 2030. Il s’agira également de valoriser et cartographier les écosystèmes territoriaux d’excellence sur les filières prioritaires de France 2030 en lien avec les Régions.-Attirer les candidats étrangers sur les dispositifs de soutien France 2030
Il s’agit de faire mieux connaître aux porteurs de projets étrangers les dispositifs de France 2030, et notamment ceux relatifs à l’industrie verte, grâce à des actions spécifiques comme l’organisation d’événements de networking ainsi que des kits de communication sectoriels.-Attirer les talents dans les secteurs de demain
Business France propose de soutenir, par un accompagnement des talents identifiés, les stratégies sectorielles de recherche de talents internationaux initiées par le SGPI en cohérence avec les priorités sectorielles de France 2030 et les besoins exprimés par les entreprises.
Par ailleurs, l’agence opère le site welcometofrance.com dédié à la mobilité internationale de talents internationaux. Son Welcome Office accompagne les lauréats France 2030 (Numérique et 1ère usine) dans leurs recrutements internationaux en les renseignant sur les démarches d’installation des talents étrangers. Cette expérimentation pourra faire l’objet d’une extension aux autres secteurs prioritaires de France 2030.
Enfin, Business France relaiera les concours innovation ouverts aux talents internationaux pouvant contribuer à satisfaire les besoins non satisfaits.
Priorité au 125 French Tech 2030
Les axes prioritaires fixés par l’alliance SGPI-Business France ont un volet internationalisation (la convention) et attractivité (la charte). Pour commencer la campagne auprès des lauréats, la priorité sera donnée aux 125 sociétés membres du French Tech 2030 « qui sont prêtes » pour cette accélération à l’international, a précisé Bruno Bonnell.
Deuxième axe, il faudra attirer des talents étrangers de l’innovation et des sciences dans les projets soutenus par France 2030. Et enfin il faudra « tracer » les investisseurs étranger candidats à un ticket en France vers les filières prioritaires de ce plan. « Soyez sélectifs, soyez exigeants » a lancé Bruno Bonnell.
Pour Business France, ce dispositif est nouveau à bien des égards, comme l’a signalé Laurent Saint-Martin : c’est la première fois qu’une telle capacité est mobilisée dans une mission spécifique confiée à Business France ; une première aussi cet accompagnement sur une aussi longue période, 30 mois, presque trois ans ; et enfin, nouveauté également, que de pouvoir compter sur des budgets d’internationalisation par entreprise, aussi important.
Comment l’agence compte-t-elle s’y prendre ?
Chaque lauréat aura un conseiller référent dédié
« Nous partirons des besoins des chefs d’entreprises » a assuré le directeur général de Business France, autrement dit, du sur-mesure. « Et on va leur donner du temps ».
Laurent Saint-Martin mise notamment sur deux atouts de l’agence : son expertise en matière de diagnostic stratégique à 360°, et sa capacité à assurer un continuum d’accompagnement depuis le territoire national, avec les Team-France Export (TFE) en Région, jusqu’à l’étranger où l’agence dispose de 80 bureaux dans 50 pays et d’un réseau de partenaires pour « l’ancrage ». Laurent Saint-Martin a ainsi assuré que chaque lauréat de France 2030 aurait un conseiller international référent dédié tout au long du parcours.
Reste à mettre tout cela en musique, par deux organismes dont les personnels se fréquentaient peu jusqu’à présent. « Nous allons mettre en place des règles de fonctionnement communes » a indiqué Laurent Saint-Martin. « Faites une équipe » leur a lancé Bruno Bonnell.
Et de partager sa recette, le « PULSE ». P pour Positive attitude (attitude positive); U pour Unifed process (ensemble pour le bien commun); L pour « Leadership mindset » (vouloir réussir); S pour Social awarness (rester dans l’humain); E pour Elegant way (faire les choses avec élégance). « Si vous avez le PULSE, ça marchera ». Ce mot, qui a fait sourire dans l’assistance, a de bonnes chances de se diffuser dans les réseaux des deux organismes.
Christine Gilguy