Dans son étude annuelle sur l’évolution de l’affacturage, l’ASF (Association des sociétés financières) met en exergue la bonne santé du secteur et pointe le maintien de l’attractivité de cette solution auprès des PME et TPE française, y compris pour leurs activités à l’international.
Malgré le ralentissement général de l’activité économique, l’affacturage reste florissant, malgré quelques signes de tassement au premier semestre 2023. L’année 2022 s’est ainsi conclue sur de nouveaux records : 421,5 milliards d’euros (Md EUR) d’encours, en hausse de 15,5 %, avec un nombre de factures également record de près de 79 millions (78,9).
Sur ce volume total, 153,2 Md EUR, près de 36 % des encours concernaient l’international, soit un montant qui a quadruplé en 10 ans. Avec un délai de paiement en moyenne plus court que sur le marché domestique, selon l’étude présentée par Ndèye Marème Diagne, chargée des études à l’ASF : 46,6 jours contre 52,6 jours pour le marché domestique.
Cette solution de financement de la trésorerie alternative au découvert bancaire, qui inclut des services de gestions et de recouvrement de créances commerciales, est très prisée par les TPE et PME : elles ont constitué 93 % des 33 000 clients et 47 % des encours l’an dernier. Un profil de clientèle qui explique aussi le fort pourcentage de contrat en « full factoring », c’est-à-dire comportant les services (gestion et recouvrement) et le financement, 74 %. Les contrats de gestion déléguée au client ne représentent que 18 % (et l’affacturage inversé, qui ne décolle pas, 8 %).
Du coup, la France est aussi le premier marché européen de l’affacturage devant l’Allemagne, et le deuxième mondial derrière la Chine, sur un marché mondial en plein essor également.
L’affacturage dans le monde en 2022
Monde : 3659 Md EUR, + 18,3 %
Chine : 577 Md EUR (2000 acteurs sur son marché)
Europe (UE + Royaume Uni) : 2384 Md EUR
1- France : 18 % (+ 15,5 %)
2- Allemagne : 16 % (+ 20,5 %)
3- Royaume Uni : 15 %
4- Italie : 12 %
5- Espagne : 11 % (+ 29,2 %)Source : FCI, cité par l’ASF
Le ralentissement économique général se fait toutefois sentir : au premier semestre 2023, l’activité des sociétés d’affacturage françaises -dont beaucoup émanent de banques- a connu une progression de seulement + 6,4 % et la progression de l’activité internationale a été moins forte que sur le marché domestique avec respectivement + 4 % (75,2 Md EUR) et + 7,6 % (141,5 Md EUR).
« On sent qu’il y a un ralentissement » a souligné Philippe Mutin, président de la Commission affacturage de l’ASF, par ailleurs directeur-général de Crédit mutuel factoring et Factofrance. Mais c’est bien la première fois depuis des années que l’activité internationale progresse moins vite que l’activité domestique. « Le retournement de conjoncture a peut-être été plus violent dans certains pays », a avancé Philippe Mutin. En outre, au vu de la hausse des taux en Union européenne, « certains grands groupes ont pu faire des arbitrages au détriment de l’affacturage », autrement dit se tourner vers d’autres solutions locales de financement de trésorerie.
A l’international, la part de l’affacturage export, autrement dit le financement de factures sur des clients étrangers qui leurs sont cédées par des entreprises françaises, représente 20 % du volume (31,2 Md EUR) contre 80 % (122,2 Md EUR) pour les opérations avec des clients non-résidents ou un factor correspondant étranger. L’ASF ne fournit pas le détail de la répartition géographique des engagements, ni sur l’exposition aux risques pays, qui « dépend des établissements ».
Les principaux secteurs clients
1- Commerce de gros (un quart des engagement)
2- Commerce et réparation auto-moto
3- Industrie alimentaire
Néanmoins, l’activité à l’international ayant été une « axe fort » de développement de leurs activités ces dernières années, les factors français positionnent leur offre internationale comme « un élément d’accompagnement et de soutien des entreprises françaises à l’exportation », compétitif par rapport à des solutions de financement de trésorerie comme le découvert bancaire, même s’ils restent discrets sur les taux qu’ils pratiquent.
D’autant que selon Philippe Mutin, les assureurs-crédits, auprès desquels les factors se couvrent presque systématiquement, « n’ont pas réduit leur couverture pour le moment » : « il n’y a pas de réduction massive, même s’ils sont impactés par les défaillances de grandes entreprises, au cas par cas », a indiqué le dirigeant. Grâce à « l’atomisation des risques » -le montant moyen des facture à l’international est de 13 000 EUR, contre 4000 EUR en domestique- les sociétés d’affacturage peuvent même fournir des solutions lorsque les assureurs-crédits sont en retrait.
Christine Gilguy