Même si l´alimentaire s´en est mieux sorti que le reste de l´industrie française, 2009 restera dans les esprits comme l´année de « la rupture », a reconnu Jean-René Buisson, le président de l´Association nationale des industries alimentaires (Ania), lors d´une conférence de presse, le 2 juin.
Pour la première fois depuis plus de dix ans, le chiffre d´affaires des industries agroalimentaires (IAA) a baissé, de 7,9 % exactement, tombant ainsi à 139 milliards d´euros. « La morosité sur les marchés internationaux, la réduction des marges de nos entreprises, la baisse des prix en France et à l´export » laissent penser que l´activité « sera plus difficile qu´en 2009 », avant de connaître « un mieux » en 2011, prévoit Jean-René Buisson. A ce jour, la baisse de l´euro n´a, selon lui, qu´un faible impact, dans la mesure où les IAA réalisent 70 % de leurs ventes en Europe.
Très offensif, le patron de l´Ania part en guerre contre les distributeurs qui imposent des baisses de prix en France et ne respectent pas leurs engagements dans le cadre de la loi de modernisation économique (LME) et contre l´Etat dont les services ne font pas respecter les règles. L´Ania va donc devoir mener un combat difficile dans le cadre de la loi de modernisation agricole (LMA), alors que, par ailleurs, elle peine à trouver des solutions pour ouvrir la profession au grand export. « Nos entreprises ont à 73 % moins de 20 salariés et à 93 % moins de 60 salariés et il est difficile de les pousser à la mutualisation pour sortir des frontières de l´Union européenne », explique Jean-René Buisson.
En 2009, les Etats-Unis, avec un montant de 33,3 milliards d´euros, sont devenus le troisième exportateur mondial d´IAA, au détriment de la France. D´après Ubifrance, l´Hexagone a vu ses livraisons fondre de 9,2 % et tomber ainsi à 31,9 milliards. Des baisses sensibles ont été enregistrées dans le vin (- 19 %) et les produits laitiers (- 10 %). De son côté, l´Allemagne, avec un chiffre de 36,6 milliards, a ravi la première place aux Pays-Bas (33,4 milliards).
« La compétitivité de la France et l´investissement, y compris dans la recherche et développement, sont insuffisants par rapport à l´Allemagne », remarque Jean-René Buisson. Outre-Rhin, « le coût du travail est inférieur, des aides à l´investissement sont accordées et le regroupement des fermes et des installations se fait plus rapidement qu´en France ».
François Pargny