La société de conseil et de services informatiques et numériques Visiativ, cotée sur Euronext, vient de présenter son nouveau plan stratégique. L’ETI toujours dirigée par un de ses cofondateur et contrôlée majoritairement par ses fondateurs et ses salariés, veut doubler son chiffre d’affaires d’ici cinq ans. La moitié viendra de son expansion à l’international.
Visiativ, dont le siège est toujours dans le Rhône, à Charbonnières-les-Bains, est devenue en moins de 10 ans une belle ETI dans son secteur (près de 1400 personnes et 258 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022). Elle en est à son quatrième plan stratégique depuis son entrée en bourse en 2014, et son appétit de croissance ne semble pas tari.
Le dernier du nom s’appelle « Shift5 » : Shift parce qu’elle veut accélérer l’évolution de son modèle vers un système d’abonnement (plateforme de solutions logicielles en mode Saas, conseils annuels), source d’ARR (pour Annual Recurring Revenue), et 5 pour cinq ans, soit une vision à plus long terme que les précédents qui étaient sur trois ans.
Mais si le développement du modèle abonnement sera un des leviers majeurs de cette croissance, le développement de l’activité à l’international en sera un autre de poids. D’ici 5 ans, l’objectif est en effet de doubler son chiffre d’affaires à 500 millions d’euros, dont la moitié généré par l’international, contre 36 % actuellement.
Des opportunités de marché
« 66 % de notre chiffre d’affaires est déjà d’une manière ou d’une autre récurrent, lié à des contrats annuels : on veut transformer cela en abonnement » explique Laurent Fiard, président et cofondateur de l’entreprise il y a 35 ans avec Christian Donzel, qui a pris du recul il y a deux ans. Au premier semestre 2023, pour un chiffre d’affaires total de 122,6 millions d’euros (M EUR), les abonnements, en forte croissance (+ 70 %), représentaient déjà 33,1 M EUR, soit un bon quart des ventes, dont 16,1 M EUR pour les seuls activités Saas (22 % des revenus du software).
Une étape dans l’évolution de l’offre de cette société qui a misé, depuis le début, sur une clientèle cible de PME et ETI industrielles plutôt démunies et en manque de compétences face aux évolutions des nouvelles technologies informatiques. Elles sont aujourd’hui confrontées aux formidables défis de la transformation digitale : cloud, Internet des objets, intelligence artificielle et traitement des données… l’industrie 4.0 est sur les rails. « Tous les industriels sont obligés de passer par là » souligne Laurent Fiard.
Pour y répondre, l’entreprise a construit pas à pas, au fil des années, une offre aujourd’hui globale : du diagnostic, du conseil, des solutions logicielles -propres ou de partenaires tels que Dassault System- qu’elle intègre, et de l’accompagnement.
S’y ajoute aujourd’hui les impératifs RSE, notamment de la décarbonation, liés aux urgences climatiques, qu’accélère l’avalanche de nouvelles réglementations européennes et françaises : « c’est un sujet clé pour les PME en ce moment et cela pousse à l’innovation, poursuit le dirigeant. Tous nos clients sont en train de se réinventer dès la conception de leur produit ».
Pour toutes ces raisons, les PME et ETI industrielles ont besoin d’innover dans de nombreux domaines. Autant d’opportunités de marché favorables à une accélération et un changement de braquet pour les dirigeants de Visiativ. « Il y a des parts de marché à prendre en Europe et en Amérique du Nord » estime encore Laurent Fiard. Visiativ affiche déjà un portefeuille de 22 000 clients en France et dans le monde.
Priorité à l’Europe et à l’Amérique du Nord
A l’international, deux zones sont privilégiées par la société pour continuer son déploiement : l’Europe et l’Amérique du Nord. « Nous avons décidé de ne pas aller en Asie pour le moment » souligne Laurent Fiard. Question de priorité pour affecter les ressources. Car ce sera essentiellement de la croissance externe.
En Europe, la société est aujourd’hui bien implantée dans le Nord de l’Europe : Allemagne, Autriche, Belgique, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Suisse. Elle veut à présent s’étendre en Europe du Sud, Espagne et Italie notamment. En Amérique du Nord, elle est déjà présente aux États-Unis et au Canada, grâce à l’acquisition, il y a quelques années, d’ABGI. Elle compte par ailleurs des implantations dans quelques autres marchés au Brésil et aux Émirats arabes unis.
Pour cette stratégie d’accélération à l’international, pas question de partir de rien : les acquisitions d’acteurs locaux sont donc privilégiées. « On ne démarre pas from scratch, on rachète des sociétés, explique Laurent Fiard. On fait l’acquisition de sociétés qui ont déjà une empreinte locale, des collaborateurs, des clients ». Avec la promesse de les développer.
Ce fut le cas pour aller en Allemagne. Visiativ a commencé par s’associer avec un partenaire allemand sur l’activité de conseil. Puis la société française a racheté un revendeur de solutions pour l’industrie. En moins de deux ans, le chiffre d’affaires est passé de zéro à 15-20 millions d’euros. « Ce que nous montrons, c’est que lorsque nous reprenons une activité que l’on maîtrise bien, nous l’accélérons » complète Bertrand Sicot, directeur général délégué de Visiativ.
L’entreprise dispose d’une enveloppe de 60 millions d’euros sécurisée auprès de ses partenaires bancaires pour effectuer de nouvelles acquisitions.
Christine Gilguy