Pour la deuxième année consécutive, le Royaume-Uni devance le Japon au palmarès MyExpatriate Market Pay Survey d’ECA International, spécialisé dans la mobilité internationale des entreprises. Les coûts d’expatriation ont augmenté de 11 % en 2022 et les variations des taux de change ont creusé l’écart.
351 992 livres sterling (GBP), soit 406 427 euros (EUR). En salaires et en avantage sociaux, c’est ce qu’a coûté en moyenne l’an dernier l’envoi d’un expatrié outre-Manche. La facture a bondi de 11 %, augmentant de 33 887 GBP (38 212 EUR). En cause, selon l’étude d’ECA : l’envolée des coûts des avantages habituellement accordés aux expatriés. Le logement, les écoles internationales ou encore les voitures de fonction ont représenté plus de la moitié de l’augmentation.
En revanche, le salaire d’un cadre moyen a augmenté de seulement 5 % pour atteindre 63 250 GBP (72 924 EUR). L’augmentation générale du coût des prestations n’explique cependant pas à elle seule ce bond des frais d’expatriation au Royaume-Uni, les analystes d’ECA pointe également les variations des taux de change de la livre sterling.
Le Japon arrive en deuxième position au niveau mondial, les packages de rémunération et d’avantages pour les expatriés y ont connu une augmentation de 5 % en monnaie locale. Toutefois, en raison de la faiblesse du yen japonais, converti en livres sterling, le package global est en fait moins cher que l’année dernière (295 062 GBP, soit 341 522 EUR).
La Suisse moins chère malgré le coût de la vie
Si la Suisse n’est pas la destination la plus coûteuse pour les entreprises au niveau mondial, elle se classe quant même au premier rang européen pour les salaires avec une moyenne de 77 760 GBP (89 120 EUR). En salaires et avantages sociaux, une expatriation coûte en moyenne 259 395 francs suisses (CHF) par an, soit 269 730 EUR.
Le coût de la vie est cependant particulièrement élevé. Reste que, en raison du faible taux d’imposition et d’un coût moins élevés des avantages sociaux, il est toujours comparativement moins cher de délocaliser des employés en Suisse qu’au Royaume-Uni.
Les évolutions des taux d’imposition (un des critères étudiés par ECA pour dresser son classement), ont rendu certains pays plus attractifs aux yeux des entreprises. Ainsi de l’Italie. Malgré une hausse de 4 % des salaires et de 7 % des avantages sociaux, le coût d’expatriation d’un cadre moyen n’y a augmenté que de 1 %, soit la hausse la plus faible en Europe, à 175 090 EUR.
Aux États-Unis, la force du dollar a fait augmenter le salaire moyen
« Les tranches de l’impôt sur le revenu en Italie ont changé pour l’année fiscale 2022, ce qui a entraîné une diminution de 17 % des impôts à payer sur le package d’un expatrié, commente Oliver Browne, responsable des enquêtes sur les politiques de rémunération à ECA. Cela a compensé l’augmentation des salaires et des avantages sociaux, faisant de l’Italie un pays moins cher pour l’envoi d’expatriés par rapport aux autres pays européens. »
Hors Europe, la force du dollar américain a fait grimper les États-Unis dans le top 10 des destinations les plus chères au monde. Malgré une légère baisse des salaires de 0,4 %, le coût total du package a augmenté de 6 % pour s’établir à 271 770 dollars (USD), soit 244 133 EUR. « Comme de nombreux expatriés perçoivent une partie ou la totalité de leur salaire dans d’autres devises, la force du dollar a entraîné une baisse du salaire moyen des expatriés aux États-Unis, estime Oliver Browne. Toutefois, l’augmentation du coût du logement a contribué à une hausse de 10 % du coût des avantages sociaux, ce qui signifie que les entreprises ont trouvé plus coûteux d’expatrier du personnel aux États-Unis en 2022. »
Enfin, malgré une baisse de 3 %, c’est en Arabie saoudite que l’on trouve les salaires les plus élevés avec une moyenne de 394 083 riyals (SAR), soit 94 590 EUR. Le coût des avantages sociaux étant moins élevé et l’impôt sur le revenu inexistant, le coût global du package est plus abordable qu’au Royaume-Uni.
Sophie Creusillet