Lors du troisième Sommet de l’Union européenne (UE) avec les 33 pays membres de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC), les 17 et 18 juillet à Bruxelles, les Européens ont confirmé l’engagement de l’UE à investir 47 milliards d’euros d’ici 2027 dans la zone, pour des projets entrant dans le cadre du développement durable, notamment grâce à son programme « Global Gateway ». Revue de détails des principaux accords signés.
« Il est nécessaire, pour des amis qui partagent les mêmes valeurs, comme l’UE et nos partenaires d’Amérique latine et des Caraïbes, de se rapprocher, a notamment déclaré La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. C’est ce que nous faisons avec notre nouveau programme d’investissement « Global Gateway » (GGIA), dans le cadre duquel nous investirons plus de 45 milliards d’euros dans la région. Nous voulons procurer des avantages aux communautés locales et créer des chaînes de valeur au niveau local, dans la région. Tel est l’esprit de notre partenariat ».
Plus de 135 projets « visant à faire de la transition écologique et numérique équitable une réalité des deux côtés de l’Atlantique » ont été présenté aux chefs d’États et de gouvernements participants participants le 17 juillet. Ce programme GGIA pour l’Amérique latine et les Caraïbes, qui associe des acteurs de « l’Équipe Europe », c’est-à-dire des institutions financières de l’UE mais aussi des États-membres, s’articule autour de quatre piliers : une transition écologique équitable, une transformation numérique inclusive, le développement humain, et la résilience sanitaire et les vaccins. De nombreux secteurs sont concernés, de la santé aux télécommunications en passant par les transports et infrastructures bas-carbone (voir quelques exemples ci-après).
Exemples de projets du GGIA pour la zone CELAC
-Coopération sur les matière premières critiques dans la région (Argentine, Chili), ainsi qu’avec le Club des matières premières critiques, afin de renforcer les chaînes d’approvisionnement durables.
-Brésil : développement des réseaux de télécommunications dans la région amazonienne.
-Costa Rica : électrification des transports publics (conversion d’une flotte de bus urbains en véhicules électriques, 40 véhicules prévus).
-Colombie : construction d’une ligne de métro.
-Jamaïque : déploiement de la 5G.
-Paraguay : modernisation du réseau électrique.
-Alliance numérique UE-ALC 0: des activités de coopération numérique UE-ALC sont en cours, telles que l’extension du câble Bella et la création de deux centres régionaux Copernicus pour la réduction des risques de catastrophe, la lutte contre le changement climatique, et la surveillance des terres et du milieu marin (voir également dans l’article).
-Chili : l’UE a mis sur pied une initiative de l’Équipe Europe sur l’hydrogène vert (GH2), afin de promouvoir les opportunités d’investissement.
-Le GGIA soutiendra les politiques des pays d’Amérique latine et des Caraïbes en faveur de la transition vers une économie neutre pour le climat et vers une société résiliente vivant en harmonie avec la nature. L’UE et ses États membres ont regroupé leurs ressources pour mettre en place conjointement l’initiative de l’Équipe Europe « Forêts tropicales du Brésil ». L’UE contribuera également au Fonds Amazonie.
-L’initiative pour la résilience sanitaire de la région ALC soutiendra la fabrication locale de médicaments et de vaccins et la résilience des systèmes locaux de santé, y compris au moyen de cadres réglementaires.
-La LAC-Global Green Bonds Initiative (initiative mondiale en faveur du développement des obligations vertes dans la région ALC) favorisera le développement du marché des obligations vertes dans la région ALC et permettra ainsi de mobiliser des capitaux pour financer une transition durable.
-Panama : l’UE soutient un projet conjoint sur l’accès universel à l’énergie.
-Programme «Sociétés inclusives» : il soutient les politiques sociales et d’égalité entre les hommes et les femmes, l’éducation et le développement des compétences, ainsi que la protection et l’inclusion sociales, en mettant particulièrement l’accent sur les femmes et les jeunes.
Autre accord concret, dans le cadre de la stratégie « Global Gateway » de l’UE, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banco Santander ont signé un prêt de 300 millions d’euros pour soutenir l’installation d’une série de petites centrales solaires photovoltaïques destinées à l’autoconsommation au Brésil, pour une capacité combinée totale d’environ 600 MWc. Les installations seront placées sur des habitations et sur les locaux de PME.
De même, la BEI a annoncé un prêt hypothécaire de 200 millions d’euros à la Banco del Estado de Chile, garanti par l’UE, pour financer, via des crédits hypothécaires, de nouvelles habitations répondant à de meilleures normes en matière d’efficacité énergétique, et un prêt de 100 millions d’EUR, également garanti par l’UE, pour soutenir l’industrie de l’hydrogène renouvelable en pleine croissance au Chili via la plateforme de financement pour l’hydrogène renouvelable de l’Équipe Europe pour le Chili.
Soutenir des priorités communes
D’une manière générale, le Sommet a permis d’intensifier le partenariat entre l’UE et les pays de la CELAC sur des priorités communes telles que les transitions numérique et écologique, la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, la santé, la sécurité alimentaire, les migrations, la sécurité et la gouvernance ou la lutte contre la criminalité transnationale.
L’UE a aussi saisi cette occasion pour accroître sa coopération énergétique avec l’Argentine et l’Uruguay en signant deux protocoles d’accord. Le premier, avec l’Argentine, définit les principaux domaines de coopération bilatéraux, notamment concernant les énergies renouvelables, l’hydrogène et la réduction des émissions de méthane, et souligne la nécessité d’assurer une transition énergétique socialement juste. Le second, avec l’Uruguay, souligne que les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’hydrogène renouvelable sont des domaines de coopération essentiels dans le cadre de l’objectif commun d’atteindre une neutralité climatique d’ici à 2050.
Enfin, l’UE a signé un protocole d’accord avec le Chili sur l’établissement d’un partenariat dans le domaine des chaînes de valeur des matières premières durables, qui contribuera à la sécurité d’approvisionnement de l’Europe tout en créant des emplois et de la croissance au Chili.
En dehors de ces projets concrets, une Alliance numérique UE-ALC a été lancée pour servir de cadre de coopération entre les deux blocs sur les questions numériques : elle associe l’UE et 20 pays de la zone (Argentine, Bahamas, Barbade, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, République dominicaine, Équateur, El Salvador, Guatemala, Honduras, Jamaïque, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, Suriname, Trinité-et-Tobago, Uruguay).
Enfin, en marge du sommet, le haut représentant et vice-président de la Commission européenne Josep Borrell a signé, au nom de l’UE, trois protocoles d’accord sur les consultations bilatérales avec le Honduras, El Salvador et l’Équateur, qui fournissent des cadres pour approfondir les efforts de coopération et engager un dialogue sur des programmes communs. Par ailleurs, pour répondre à la forte augmentation des besoins humanitaires en Haïti, l’UE a également annoncé le déblocage d’une aide d’urgence de 10 millions d’euros.