Le commerce transmanche de biens et de services a atteint 111 milliards d’euros en 2022, soit 12 de plus qu’en 2019 relève la Chambre de commerce franco-britannique dans son dernier baromètre. Cette embellie concerne tous les secteurs hormis les services de transport et de tourisme.
Le rebond est là. Les échanges franco-britanniques se sont envolés de 42 % l’an dernier par rapport à 2021 et ont dépassé leur niveau prépandémique. Une performance exceptionnelle que la Chambre de commerce franco-britannique, qui célèbre cette année son 150e anniversaire, explique par « une forte volatilité due à l’impact de la pandémie de Covid-19 et de la reprise, de la crise énergétique, de la guerre en Ukraine et de l’inflation » ainsi que des « changements dans la manière dont les échanges de marchandises sont enregistrés depuis la mise en œuvre de l’accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ».
Lorsque le Royaume-Uni était encore membre de l’UE, les échanges de biens avec le reste de l’UE étaient en effet estimés à l’aide de l’enquête Intrastat remplie par les entreprises britanniques immatriculées à la TVA. Les petits commerçants, les entreprises non assujetties à la TVA et les colis postaux ont été exclus de la collecte de données. A partir de janvier 2021, date de l’entrée en vigueur du Brexit, les données sur les exportations de biens du Royaume-Uni vers l’UE sont passées de l’enquête Intrastat vers les déclarations douanières et, à partir de janvier 2022, les données sur les importations britanniques en provenance de l’UE ont été transférées vers l’UE tandis que les échanges commerciaux de l’Irlande du Nord avec l’UE continuent d’être collectés dans le cadre de l’enquête Intrastat.
« La nouvelle méthode de collecte a entraîné une augmentation de la valeur des exportations de biens vers l’UE en 2021, puis une augmentation de la valeur des exportations de biens vers l’Irlande du Nord en 2022 », souligne la chambre franco-britannique.
60 milliards d’euros d’exportations françaises en 2022…
Toujours est-il que, par rapport à 2019, les exportations françaises à destination du Royaume-Uni ont augmenté de 14 % pour atteindre 60 milliards d’euros (Md EUR). Elles affichent une croissance légèrement plus forte que les importations, en hausse de 11 % à 51 Md EUR. La France reste en tête pour les exportations de biens (42 Md EUR), tandis que le Royaume-Uni a renforcé sa position de leader pour les exportations de services (21 Md EUR). La balance commerciale globale est en 2022 à l’avantage de l’hexagone avec un excédent de 9 Md EUR, contre 7 Md EUR en 2019.
L’ensemble des échanges de biens a affiché une croissance de 12 % par rapport à 2019. Tous les secteurs sont à la hausse à l’exception des « fabrications diverses ». Avec 25 Md EUR le secteur des machines et équipements de transport font la course en tête, les exportations françaises dépassant les importations britanniques entre 2022 et 2019. Dans le secteur de l’énergie, les importations en provenance du Royaume-Uni ont été multipliées par 3,5 pour atteindre 5,2 Md EUR.
Rebond confirmé au premier trimestre
Du côté des services, les échanges ont dépassé de 13 % leur niveau de 2019. Les plus fortes progressions se situent du côté des services de TIC (+ 60 %), des services financiers (+ 25 %) et des services aux entreprises (+ 23 %). Seuls le transport et le tourisme restent toujours en-deçà de leur niveau pré-pandémique.
Cette tendance à une forte reprise du commerce transmanche s’est confirmée au premier trimestre 2023. Les échanges de marchandises ont affiché une hausse de 18 % en glissement annuel
La croissance des exportations de la France (+ 19%) reste supérieure à la croissance des importations du Royaume-Uni (+ 16 %). Royaume-Uni (+ 16 %), les échanges dans le secteur des machines et équipements de de transport affichant la plus forte croissance d’une année sur l’autre. En glissement trimestriel, « les importations en provenance du Royaume-Uni au premier trimestre 2023 sont inférieures à celles du quatrième trimestre 2022, bien que cela reflète la baisse des importations d’énergie, qui ont culminé en termes de volume et de prix au troisième trimestre 2022 », selon l’étude.
Malgré la crise sanitaire, le Brexit, l’inflation et le ralentissement général de l’économie sur le Vieux Continent, la France demeure le cinquième partenaire commercial du Royaume-Uni, derrière les Etats-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Chine.
Sophie Creusillet