C’est un vaste champ d’opportunités qui s’ouvre. L’Inflation Reduction Act (IRA), vaste programme de soutien aux industries vertes, est doté de 391 milliards de dollars, essentiellement sous formes de crédits d’impôts. Mais pour mener à bien leur « troisième révolution énergétique » et la décarbonation de leur économie, les États-Unis vont par ailleurs devoir réaliser 2 900 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures au cours des dix prochaines années, estime une récente étude de Goldman Sachs Research.
Quinze après l’avènement du gaz de schiste, les États-Unis seraient à l’aube d’« une troisième révolution énergétique » pour reprendre le sous-titre de l’étude* du service de recherche de la banque d’investissement américaine Goldman Sachs. Voitures électriques, pompes à chaleur, poêles à biomasse, production d’énergie nucléaire et d’hydrogène vert, éolien… Autant de secteurs concernés.
Cette conversion à une économie décarbonée va demander de lourds investissements dans les infrastructures de transport, les réseaux électriques, le BTP ou encore l’industrie, à hauteur de quasi 3 000 milliards de dollars (Md USD) d’ici 2032, soit en moyenne 290 Md USD par an, selon les calculs des chercheurs. Au total, ces investissements dans les infrastructures devraient s’élever à 11 000 Md USD d’ici à 2050.
Les énergies renouvelables appelés à croître de 9 % par an
Sans surprise, l’infrastructure électrique va devoir suivre la hausse de la demande, multipliée par 2,5 d’ici 2050 par rapport à 2021, selon l’étude. A cet horizon, 6 600 Md USD devront être investis pour suivre la cadence incluant le développement du solaire et de l’éolien (1 400 Mds USD), les installations de production d’énergie renouvelable (700 Md USD), la mise à niveau et la numérisation des réseaux électriques (2 300 Md USD) et les installations de stockage de l’énergie dans les entreprises (800 Md USD).
Selon les analystes de Goldman Sachs Research, les sources d’énergie renouvelables (à l’exclusion du nucléaire et de l’hydroélectricité) devraient croître d’environ 9 % par an jusqu’en 2050, pour représenter 44 % de la capacité totale de production d’ici 2030 et 80 % d’ici 2050.
Autre secteur qui devrait bénéficier d’investissements massifs : les transports (véhicules électriques, mais aussi les biocarburants y compris pour l’aviation). Si les crédits d’impôts proposés par l’IRA sont conséquents, Goldman Sachs Research souligne que des incertitudes subsistent notamment au sujet du niveau de délocalisation des composants des batteries et des panneaux solaires.
Décarboner tour en conservant une énergie bon marché
Les entreprises américaines n’en seraient en effet qu’au début de l’évaluation de leurs capacités de production et mettent actuellement en balance les crédits d’impôt proposés dans le cadre de l’IRA et la probabilité d’une augmentation des coûts de fabrication sur le sol national qui rendrait plus intéressantes les importations de produits finis.
Reste que cette « troisième révolution énergétique », menée tambour battant et à grands coups de mesures protectionnistes, aura une vertu autre qu’environnementale : permettre à l’économie américaine de continuer à bénéficier d’un avantage comparatif non négligeable depuis le début de la guerre en Ukraine, en l’occurrence une énergie beaucoup moins chère qu’en Europe.
Le rapport estime que l’investissement annuel moyen dans la décarbonation d’ici 2050 sera d’environ 400 Md USD, soit environ 1,3 % du PIB, avec un pic estimé à environ 520 Md USD, soit 1,7 % du PIB, au milieu des années 2030.
Sophie Creusillet
*« Carbonomics: The third American energy revolution »