Le cinquième rapport du comité français de suivi des filières agricoles sensibles sur l’accord de libre-échange UE-Canada, le Comprehensive Economic Trade Agreement (CETA), conclu en 2017, confirme la tendance des années passées : des flux du Canada vers la France toujours faibles et, à l’inverse, une forte hausse des exportations agricoles françaises. Revue de détail.
Le déferlement de viande bovine canadienne, brandi par les opposants à cet accord de libre-échange conclu en 2017, n’a finalement pas eu lieu. Le comité de suivi souligne que les exportations françaises vers le Canada ont progressé de 36,8 % depuis son entrée en vigueur, et ce malgré la crise sanitaire. Autre conclusion du rapport : les exportations canadiennes des principaux produits agricoles sensibles vers la France restent limitées voire nulles pour certains d’entre eux.
« Le CETA est un accord qui a fait ses preuves en permettant à nos entreprises, y compris issues de nos filières agricoles, d’avoir un accès accru au marché canadien, s’est félicité le ministre délégué en charge du commerce extérieur Olivier Becht, dans un communiqué. Pour preuve, nos exportations de fromages ont doublé en 5 ans, 42 de nos Indications géographiques bénéficient de protection et nos vins et spiritueux font une belle percée avec une hausse de + 26 % des exportations. »
Une balance excédentaire
En 2021, la France a importé 74 tonnes équivalent carcasse (téc) de viande bovine du Canada, dont 56 téc, sous contingent CETA, et a exporté en retour 191 téc. La balance commerciale tricolore est donc largement excédentaire sur ces produits.
Une tendance qui s’explique par l’absence de filière canadienne dédiée. Selon l’agence canadienne d’inspection des aliments (Acia), citée par le comité de suivi, seulement une quarantaine de fermes, soit quelque 4 000 bovins, produisent selon les normes européennes. « Cette stagnation de capacité s’explique à la fois par le haut niveau des normes européennes et la forte attractivité du marché américain et asiatique », analyse le comité de suivi.
Concernant la viande porcine, dont les flux sont également très faibles, aucune importation canadienne n’a eu lieu en France. En 2021, l’UE a importé 82 téc et exporté 47 000 téc, dont 7000 téc de jambon. Le rapport du comité de suivi indique que les flux, limités entre l’UE et le Canada, n’ont pas été affectés par les effets de la peste porcine africaine sur le cheptel chinois, qui ont orienté les exportations mondiales de viande de porc vers l’Empire du Milieu.
Le CETA n’a ouvert aucun contingent (ni du côté européen, ni du côté canadien) pour la volaille.
Veille spécifique sur la viande bovine et l’éthanol
S’agissant du sucre et des produits sucrés, côté canadien, les exportations (19 millions d’euros, M EUR) se résument essentiellement à du sirop d’érable, tandis que la France exporte pour 48 M EUR. « Si les prix en Europe restent à un niveau plus élevé que dans le reste du monde, le contexte sectoriel est toujours marqué par la fin des quotas sucriers et par les conséquences de la crise sanitaire », note le comité de suivi.
Enfin, les exportations canadiennes d’éthanol ont considérablement augmenté depuis 2018. Inférieures à 150 t par an sur la période 2014-2018, elles ont atteint 76 000 t en 2021, dont 11 000 t vers la France. Cette augmentation résulte de la certification d’une usine canadienne aux normes ISCC depuis décembre 2019, explique le rapport du comité de suivi.
La balance commerciale française sur l’éthanol demeure excédentaire au niveau mondial, bien que s’étant dégradé progressivement depuis 2015. En revanche, aucun signal ne laisserait présager un « effet de swap » avec la production américaine. En effet, les importations nettes du Canada en provenance des États-Unis ont été stables en 2021. Comme pour la viande bovine, une veille spécifique a été mise en place par le Service économique régional (SER) d’Ottawa, notamment par un dialogue avec des représentants de l’industrie au Canada.
S.C.