Bonne nouvelle pour les Européens. Les dernières prévisions publiées par la Commission européenne confirment que le risque d’une récession s’éloigne pour l’Union européenne (UE) et ses États membres, laissant place à une croissance modérée mais positive pour l’année. La zone Euro est sur la même tendance.
« L’économie européenne continue de faire preuve de résilience dans un contexte mondial difficile, indique la Commission européenne dans un communiqué publié le 15 mai. La baisse des prix de l’énergie, la réduction des contraintes d’approvisionnement et la vigueur du marché du travail ont soutenu une croissance modérée au premier trimestre 2023, dissipant ainsi les craintes d’une récession ».
D’après ses chiffres, présentés par le commissaire aux Affaires économiques Paolo Gentiloni, la progression du PIB de l’UE au premier trimestre (T1) 2023 a atteint + 0,3 % et + 0,1 % dans la zone euro, et cette croissance devrait se poursuivre au T2.
Prévisions de croissance revues à la hausse
Du coup, la prévision de croissance de l’UE sur l’année 2023 est relevée à la hausse : elle table désormais sur + 1 % en 2023 et + 1,7 % en 2024, au lieu de respectivement 0,8 % et 1,6 % dans les prévisions intermédiaires d’hiver. Mieux : « une révision à la hausse de même ampleur s’applique à la zone euro », avec + 1,1 % pour 2023 et + 1,6 % pour 2024.
Parmi les pays qui enregistreront les taux de croissance de leur PIB les plus élevés en 2023, au-dessus de la moyenne européenne, citons notamment l’Espagne, Chypre, l’Irlande, la Grèce, Malte, le Portugal, les Pays-Bas et la Roumanie. La France se situera pour sa part un peu en retrait, devant l’Allemagne mais derrière l’Italie (voir ci-après).
Les prévisions du PIB de croissance par pays
(Evolution en % en 2023 et 2024)Allemagne :+ 0,2 (23), + 1,4 (24)
Autriche : + 0,4 (23), + 1,6 (24)
Belgique : + 1,2 (23) ; + 1,4 (24)
Chypre : + 2,3 (23), + 2,7 (24)
Croatie : + 1,6 (23), + 2,3 (24)
Espagne : + 1,9 (23), + 2,0 (24)
Estonie : – 0,4 (23), + 3,1 (24)
Finlande : + 0,2 (23), + 1,4 (24)
France : + 0,7 (23), + 1,4 (24)
Grèce : + 2,4 (23), + 1,9 (24)
Irlande : + 5,5 (23), + 5,0 (24)
Italie : + 1,2 (23), + 1,1 (24)
Lettonie : + 1,4 (23), + 2,8 (24)
Lituanie : + 0,5 (23), + 2,7 (24)
Luxembourg : + 1,6 (23), + 2,4 (24)
Malte : + 3,9 (23), + 4,1 (24)
Pays-Bas : + 1,8 (23), + 1,2 (24)
Portugal : + 2,4 (23), + 1,8 (24)
Slovaquie : + 1,7 (23), + 2,1 (24)
Slovénie : + 1,2 (23), + 2,2 (24)
ZONE EURO : + 1,1 (23), + 1,6 (24)Bulgarie : + 1,5 (23), + 2,4 (24)
Danemark : + 0,3 (23), + 1,5 (24)
Hongrie : + 0,5 (23), + 2,8 (24)
Pologne : + 0,7 (23), + 2,7 (24)
République Tchèque : + 0,2 (23), + 2,6 (24)
Roumanie : + 3,2 (23), + 3,5 (24)
Suède : – 0,5 (23), + 1,1 (24)
UE : + 1,0 (23), + 1,7 (24)Source : Commission européenne
Par comparaison, l’UE ainsi que la zone euro tirent bien leur épingle du jeu par rapport aux autres grandes puissances de l’OCDE : elle font mieux que le Royaume-Uni (- 0,2 % en 2023, + 1 % en 2024), et presque aussi bien que les États-Unis (+ 1,4 % en 2023, + 1 % en 2024) et le Japon (+ 1,1 % en 2023, + 1 % en 2024).
Tensions inflationnistes
La prévision du taux d’inflation en zone euro, tiré par la progression des prix à la consommation, est également revue en hausse et s’établit à 5,8 % en 2023 et 2,8 % en 2024. « Sur une base annuelle, l’inflation sous-jacente [hors énergie] dans la zone euro devrait se situer en moyenne à 6,1 % en 2023, avant de retomber à 3,2 % en 2024, tout en restant supérieure à l’inflation globale sur les deux années couvertes par les prévisions » précise la Commission.
Cette résilience de l’économie européenne est due à plusieurs facteurs, selon Bruxelles. « L’économie européenne est parvenue à contenir les effets négatifs de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et à faire face à la crise énergétique grâce à une diversification rapide de ses approvisionnements et à une réduction sensible de sa consommation de gaz, estime la Commission européenne. La nette baisse des prix de l’énergie se fait progressivement sentir dans l’économie, réduisant les coûts de production des entreprises. Les consommateurs bénéficient également d’une baisse de leur facture énergétique, mais la consommation privée devrait rester modérée, la croissance des salaires étant inférieure à l’inflation. »
La consommation devrait rester d’autant plus « modérée » que face à la persistance de l’inflation, les taux d’intérêt devraient rester élevés, freinant également l’investissement si l’on en croit Bruxelles : « le cycle de relèvement des taux d’intérêt par la BCE et les autres banques centrales devrait toucher à sa fin, mais les turbulences récentes dans le secteur financier devraient accentuer la pression sur le coût du crédit et l’accès à celui-ci, entraînant un ralentissement de la croissance de l’investissement et, en particulier, de l’investissement résidentiel ».
Faible chômage, hausse des salaires
Enfin, côté marché du travail, il s’est également révélé résilient. Le taux de chômage dans l’UE a atteint un plus bas historique de 6,0 % en mars 2023, et les taux de participation et d’emploi ont atteint des niveaux record. Si l’on en croit la Commission, il devrait « réagir que modérément au ralentissement de l’expansion économique ». La Commission table sur une croissance de l’emploi de 0,5 % cette année et 0,4 % en 2024. Le taux de chômage serait légèrement supérieur à 6 %.
Dans ce contexte la tendance à la hausse salaires devraient se poursuivre. « La croissance des salaires s’est accélérée depuis le début de 2022, mais elle est restée jusqu’ici nettement en-deçà de l’inflation, indique la Commission. Les prévisions laissent présager une hausse plus soutenue des salaires en raison de l’étroitesse persistante des marchés du travail, du relèvement marqué des salaires minimaux dans plusieurs pays et, plus généralement, des pressions exercées par les travailleurs pour récupérer leur pouvoir d’achat ».
C.G
L’intégralité des prévisions économiques de l’Union européenne est en ligne (en anglais) sur le site de l’UE : cliquez ICI.