Les festivités du couronnement de Charles III à peine terminées qu’il faut renouer avec les dures réalités. Avec la fin des soutiens publics mis en place durant la crise de la Covid, le Royaume-Uni a renoué avec un très haut niveau de défaillances d’entreprises selon une étude de Coface. Le reflet d’une situation économique dégradée.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 23 400 faillites recensées en 2022, le Royaume-Uni a enregistré le « plus haut niveau de défaillances d’entreprises depuis la crise financière mondiale de 2009 » après deux années fastes, à la faveur des mesures de soutiens gouvernementales durant la crise sanitaire. Comme dans beaucoup d’autres pays européens, l’année 2022 a donc marqué la fin de cette période : les défaillances ont bondi de + 52 % (après + 11 % en 2021), dépassant le niveau de 2019 de 26 %.
A noter que cette tendance a été essentiellement alimentée par les faillites de petites entreprises, qui ont représenté 81 % du total en 2022 (73 % en 2019), prenant principalement la forme de liquidations volontaires suite à une demande des créanciers (Creditors Voluntary Liquidation, CVL). « Si l’on exclut cette catégorie d’entreprises, le nombre de défaillances est resté inférieur de 9 % au niveau de 2019 » nuance Coface. « Cela explique pourquoi même si le nombre d’entreprises insolvables a augmenté, l’impact sur les niveaux de chômage et en termes de coût financier a été limité » ajoute-t-elle.
Comment se présente 2023 ? Au vu de la tendance des défaillances au premier trimestre (T1) de l’année, mieux vaut être prudent.
En 2023, de nombreux secteurs exposés
D’après Coface, l’augmentation se poursuit et touche davantage les PME et grandes entreprises. « L’analyse des demandes de liquidation déposées et des notifications d’intention émises au niveau sectoriel indiquent une nouvelle augmentation à venir des défaillances dans la plupart des secteurs, indique Coface. Les secteurs de la métallurgie, de la chimie et de la construction, verront probablement davantage d’entreprises devenir insolvables. Celles-ci évoluent en effet dans un contexte de baisse de la demande, alors que leurs coûts restent élevés s’agissant de secteurs énergivores. »
Plusieurs facteurs pèsent sur les perspectives des entreprises britanniques, détaille l’assureur-crédit, d’autant plus depuis le Brexit. Les coûts de production, notamment, restent élevés (salaire, énergie, matières premières) alors que la demande des consommateurs est en baisse en raison de l’érosion de leur pouvoir d’achat depuis deux ans. Enfin, l’accès au crédit et les conditions de financement sont bien moins favorables : les taux d’intérêt appliqués aux entreprises privées sont passés de 3,1 % en moyenne en 2019 à 6 % au cours du 1er trimestre 2023 et cela ne devrait pas s’arranger avec les ondes de chocs provoquées par la faillite de Silicon Valley Bank en mars 2023, suivies de plusieurs autres.
Quels sont les secteurs particulièrement exposés ?
D’après Coface, l’agroalimentaire a particulièrement souffert de la hausse des coûts et de l’instabilité des chaînes d’approvisionnement : près de 300 entreprises du secteur ont fait faillite en 2022 (+83 % par rapport à 2019) et « les défaillances ont augmenté de 50 % au 1er trimestre 2023 par rapport à 2022 ».
L’automobile, les transports, l’énergie et la construction ont également vu les défaillances monter en flèche. Ce dernier secteur a été le plus touché : 5 200 défaillances d’entreprises ont été recensées en 2022 dans la construction, en hausse de 34 % par rapport à 2019.
Par ailleurs, indique Coface, « pour les mois à venir, les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration, de la distribution, et de la construction indiquent qu’elles sont plus nombreuses à être exposées à un risque modéré ou important d’insolvabilité que dans les autres secteurs ». Plus précisément, « près d’un cinquième des entreprises du secteur de l’hôtellerie et de la restauration indiquent qu’elles sont très sensibles aux hausses des salaires et des prix de l’énergie, ainsi qu’aux changements d’habitudes. »
Prudence donc dans la gestion des risques clients au Royaume-Uni dans les prochains mois.
CG