Annoncée pour le 1er juillet, l´union douanière entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan est entrée en vigueur aujourd´hui, mardi 6 juillet, avec quelques jours de retard en raison du conflit gazier opposant Moscou et Minsk. Vivement critiquée par l´Union européenne, cette union risque de pénaliser les exportations françaises, en particulier au Kazakhstan.
Projet de longue date, retardé par les dissensions entre la Russie et la Biélorussie, cette nouvelle union douanière prévoit l´introduction d´une taxe douanière commune sur le territoire des trois pays, l´abolition du contrôle douanier à leurs frontières et la mise en place de mécanismes communs de régulation de leur commerce extérieur. « Concernant les trois pays, (le code douanier) s´applique à partir du 6 juillet, entre la Russie et le Kazakhstan à partir du 1er juillet de cette année », a précisé Vladimir Poutine lors du sommet de la Communauté économique eurasiatique qui s´est tenu le 5 juillet à Astana.
« D´habitude nous n´avons aucun problème avec les associations douanières, mais nous nous inquiétons lorsqu´au lieu de développer le commerce, ces unions commencent à lui nuire », a déclaré mi-juin Catherine Ashton, la Haute représentante européenne pour les Affaires étrangères. Les tarifs douaniers mis en place aux frontières de cette nouvelle union douanière étant largement calqués sur les tarifs russes, plus élevés qu´au Kazakhstan, les exportations françaises dans ce pays, dont la France est le quatrième partenaire commercial, loin derrière la Russie, la Chine et l´Italie, pourraient en pâtir.
Pour Anne-Marie Idrac, la secrétaire d´Etat au Commerce extérieur, « il faut prendre cette union douanière comme elle est, positivement, et nous ferons ensuite des ajustements ». En attendant, les produits français exportés au Kazakhstan seront plus chers pour le consommateur. Un obstacle qui pourrait inciter les entreprises étrangères en général à produire sur place. C´est en tout cas le choix qu´a fait Renault qui commercialise au Kazakhstan la Logan (depuis le 15 avril) et le Sandero (à compter du 1er juillet). Ces deux modèles sont en effet produits à Avtoframos, en Russie, et leurs ventes au Kazakhstan sont assurées par un importateur kazakh, Kazakhstan Almaty Auto. « L´union douanière entre la Russie et le Kazakhstan (…) permettra à Renault de proposer des véhicules à un prix abordable », précise un communiqué du constructeur du 24 avril 2010.
Controversée et retardée, la mise en place de cette union douanière ouvre néanmoins des horizons aux investisseurs étrangers présents au Kazakhstan. Interrogée, en marge du 3ème forum économique d´Astana qui s´est tenu les 1er et 2 juillet, sur les conséquences de cette union douanière pour les investisseurs étrangers, Janar Aitjanova, la ministre du Développement économique et du Commerce kazakhe, a ainsi souligné que « l´avantage de l´union douanière est que, pour les investisseurs, le marché était de 16 millions d´habitants et qu´il est maintenant de 170 millions ». Un marché qui pourrait être amené à grandir puisque la présidente kirghize, Roza Otounbaïeva, a annoncé hier, lundi 5 juillet, lors du sommet de la Communauté économique eurasiatique, qu´ « un groupe de travail étudie actuellement toutes les questions liées à l´adhésion du Kirghizistan à l´union douanière ».
Sophie Creusillet, à Astana