Le V.I.E (volontariat international en entreprises) est reparti en trombe après près de trois ans de perturbations liées aux restrictions sanitaires et à la fermeture des frontières. En témoigne le succès d’une soirée « carrière » organisée le 14 mars par l’antenne francilienne du Club VIE, que préside Rui Jorge Lopes, et qui a fait salle comble entre les recruteurs et les jeunes diplômés.
Christophe Monnier, directeur du VIE chez Business France, avait définitivement retrouvé le sourire en livrant à une assemblée de près de 200 jeunes diplômés, ex. V.I.E et candidats à une mission V.I.E, les dernières tendances de ce programme qui fêtait le jour-même son 23ème anniversaire : la barre des 10 000 VIE en poste a été franchie à nouveau en ce mois de mars 2023, 10 049 exactement, après avoir fortement chuté durant pandémie (7300 début juillet 2021).
C’est le signe de « la confiance des entreprises » dans ce dispositif subventionné par l’Etat et les Régions françaises et géré par Business France, mais aussi de son « attrait » intact pour les jeunes, après les craintes d’une désaffection. Développement commercial, chefs de projets dans le marketing, les fonctions support, les Ressource humaines… : les missions confiées par les entreprises à ces jeunes diplômés sur une période de 6 à 24 mois renouvelable une fois, à l’étranger, sont variées.
Fort redémarrage au canada et aux Etats-Unis
Ce sont souvent des expériences qui enrichissent leurs compétences et accélèrent leur carrière, et, pour les entreprises, notamment les PME, un facteur de renforcement de leur capacité à l’international.
Ces derniers mois, la croissance des missions a été particulièrement forte en Europe (66 % des missions sont dans l’Union européenne), où, d’après le responsable, le nombre de jeunes en poste dépassent les niveaux d’avant crise, « malgré le Brexit ». Et les bonnes nouvelles s’accumulent : réouverture du Royaume-Uni au V.I.E après des mois de négociation, fortes augmentation des affectations au Canada (où le cap des 1000 est proche) et aux Etats-Unis (où l’on n’en compte pas loin de 1500), mais aussi à Dubaï et Hong Kong, accord de reconnaissance mutuelle avec Singapour qui va booster les missions dans cette zone.
Christophe Monnier espère, pour ce 23ème anniversaire, passer le cap des 100 000 V.I.E cumulés en 23 ans et a prévu un événement spécial début octobre.
« Si on veut se développer à l’international, il faut attirer des talents, c’est vous »
Plus encourageant encore, les résultats d’une enquête récente menée par l’EDEC auprès de 4000 de ces jeunes ont de quoi dissiper toutes les craintes d’une désaffection de leur part pour ce programme après les désagrément liées à la crise sanitaire : 97 % le conseilleraient à d’autres jeunes, 88 % estiment que c’est un bon dispositif d’insertion professionnelle et 92 % sont en emploi 6 mois après la fin de leur mission.
Quant aux entreprises, elles saluent le dispositif en embauchant le jeune VIE dans 50 % des cas. Une des qualités qu’elles apprécient : leur capacité à s’adapter à des univers culturels différents. Plusieurs dirigeants en ont témoigné au cours de la soirée.
Alain Taieb, fondateur et président du groupe Mobilitas, ETI familiale de 4500 personne présente dans 98 pays, lui-même ancien V.S.N.E (ancêtre du V.I.E), en a recruté près de 440 en une vingtaine d’années. Et plusieurs s’y sont incrustés « le numéro 2 du groupe est un ancien V.I.E qui a 30 ans, et 3 ex. V.IE sont au directoire ». Administrateur et membre du comité exécutif du comité national des Conseillers du commerce extérieur (CNCCEF), c’est un fervent promoteur de ce programme, notamment pour muscler les capacités des PME françaises à se projeter à l’international : « si on veut se développer à l’international, il faut attirer des talents, c’est vous » a-t-il lancé à l’assemblée.
Autre témoignage, celui du groupe d’ingénierie Alten, qui connaît une expansion internationale continue (3,8 Md EUR de CA en 2022, en hausse de 30 %, 68 % à l’international) : pour ce groupe, le recrutement de V.I.E fait partie intégrante de sa politique de recrutement de jeunes talents, avec des besoins en consultants et business managers juniors, mais aussi dans les services support. Il a des besoins au Royaume-Uni, au Canada, au Mexique, aux Etats-Unis. Chez Alten, 170 V.I.E sont déjà en poste et le groupe compte en recruter 400 dès l’année prochaine.
Mazars, gros cabinet d’audit et de conseil financier internationalisé (2,45 Md EUR de CA en hausse de 16,4 % en 2022, présent dans 95 pays), est un autre recruteur régulier de V.I.E, au rythme de 3 à 5 par an. Il en recherche 10 actuellement, pour des missions dans l’audit financier et la gestion de projets.
Si le poids des grandes entreprises telles que celles qu’on vient de citer reste important en nombre de recrutement, la part des PME et ETI progresserait néanmoins : elles représenteraient actuellement les trois quarts des 2000 entreprises qui emploient actuellement des V.I.E.
Christine Gilguy
Pour en savoir plus :
-Club V.I.E : www.clubvie.fr
-Site dédié de Business france : mon-vie-via.businessfrance.fr