L’Union européenne, les membres du G7 et l’Australie ont convenu de cours maximum pour les produits raffinés russes dimanche 5 février, jour de l’entrée en vigueur du deuxième volet des sanctions interdisant leur importation.
Bruxelles et ses partenaires ont tranché. Ce sera 100 dollars (USD) par baril de carburant (diesel, kérosène, gazole) et 45 USD celui de produits comme le mazout et le naphta, utilisé dans la pétrochimie. La Russie ne pourra pas vendre ces produits pétroliers raffinés à des prix supérieurs.
En décembre dernier, le plafonnement du baril de brut avait été fixé à 60 USD (alors que son cours était de 65 USD). Les pays signataires ne peuvent plus ni transporter ni assurer ces produits raffinés s’ils dépassent les prix fixés. Ce plafonnement comprend une période de liquidation de 55 jours pour les produits pétroliers russes transportés par voie maritime, à condition qu’ils aient été chargés avant le 5 février et qu’ils arrivent à destination avant le 1er avril 2023.
« Cette décision frappera encore plus durement les revenus de la Russie et réduira sa capacité à mener la guerre en Ukraine, estime un communiqué de la Commission européenne. Elle contribuera également à stabiliser les marchés mondiaux de l’énergie, ce qui profitera à tous les pays du monde. » Même si les importations de gazole russe ont fortement baissé depuis le début du conflit en Ukraine, elles représentent toujours un quart des achats de ce carburant en Europe.
L’embargo européen sur le brut coûterait 160 M EUR par jour à Moscou
Selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le premier volet de l’embargo sur le pétrole russe coûterait environ 160 M EUR par jour à Moscou. Le ministre des Finances russe a annoncé le 18 janvier que les revenus pétroliers de la Russie avaient diminué de 38,1 Md USD en seulement un mois. Ils alimentent le fonds souverain normalement destiné à payer les retraites, mais qui permet en fait de combler le déficit public lié au financement de la guerre en Ukraine.
Reste à savoir si ces plafonnements pèseront suffisamment sur le budget russe pour peser sur le cours de la guerre. Et à connaître l’ampleur des détournements des sanctions opérés par la Russie. Selon Viktor Katona, analyste chez Kpler cité par Le Monde, les ports de la Méditerranée permettent de transférer les produits pétroliers d’un navire à l’autre et de dissimiler leur origine. « Le Maroc, par exemple, achète du diesel russe qu’il mélange à des produits locaux pour leur faire passer sans encombre les douanes européennes », explique cet expert au quotidien du soir.
Toujours dans la perspective d’assécher le financement de la guerre par la Russie, la Commission a annoncé un dixième train de sanctions d’ici au 24 février prochain, un an après le début du conflit.
Sophie Creusillet