Sans surprise, le baromètre des risques d’Allianz pour 2023, présenté à la presse le 17 janvier, maintient en tête, au niveau mondial, le risque d’incidents cyber. Mais davantage d’entreprises craignent l’interruption d’activité et l’évolution de la conjoncture macro-économique. En France, la crise énergétique fait son entrée au top 3.
Au niveau mondial, comme l’an dernier, les 2712 experts des risques d’entreprises interrogés pour ce baromètre par Allianz Global Corporate & Speciality (AGCS) maintiennent, comme dans l’édition 2022, le risque d’incidents cyber (attaques, violations de données, etc.) en tête du top 10 des plus importants risques pesant sur leur entreprise (34 % des répondants). Il est suivi en deuxième position, de l’interruption d’activité (34 %), qui peut avoir différentes causes, dont les perturbations de la chaîne logistique.
Une des grandes nouveautés dans ce top 10 au niveau mondial provient de la montée en flèche du risque lié à la conjoncture macro-économique (inflation/déflation, politiques monétaires, programmes d’austérité, etc), passés de la 10ème à la 3ème position (25 % des répondants) par rapport à la précédente édition (janvier 2022). La conséquence d’une conjoncture marquée par un regain d’inflation et un ralentissement de la demande mondiale. « Les anticipations des entreprises pour 2023 sont pessimistes » selon les experts d’AGCS.
Autre nouveauté, l’entrée dans ce top 10 de la crise énergétique (pénurie/rupture d’approvisionnement, fluctuation des prix, etc.), risque complètement nouveau à être cité dans ce baromètre, en 4ème position (22 %). Une préoccupation forte pour les entreprises dans la plupart des pays européens, contrairement aux Etats-Unis.
Le risque lié aux évolutions législatives et réglementaires (guerre commerciales et tarifaire, sanctions économiques, protectionnismes, etc.) reste haut placé en 5ème position (19 %) mais stable par rapport à 2022.
Peu de changement dans la suite du top 10. Signalons toutefois la progression des risques politiques (instabilité politique, guerre, terrorisme, conflits sociaux, guerres, émeutes…) qui font leur entrée au top 10, en 10ème position, avec 13 % de citations (13ème l’an dernier).
Le top 10 mondial des risques pour les entreprises
– 1/ Incidents cyber (34 %)
– 2/ Interruptions d’activités (34 %)
– 3/ Evolution macro-économique (25 %)
– 4/ Crise énergétique (22 %) -Nouveau
– 5/ Evolutions législatives et réglementaires (19 %)
– 6/ Catastrophe naturelle (19 %)
– 7/ Changement climatique (17 %)
– 8/ Pénurie de main d’œuvre qualifiée (14 %)
– 9/ Incendie, explosion (14 %)
-10/ Risques politiques (13 %).
En France, la crise énergétique et la conjoncture préoccupent
Par zone géographique, le top 10 est assez similaire dans les grands pays, avec le risque cyber et l’interruption d’activité partout aux deux premières places. Idem pour l’Europe, où l’on note toutefois quelques nuances.
Les entreprises allemandes et britanniques placent ainsi plus haut dans le classement la pénurie de main d’œuvre (respectivement 6ème et 5ème), alors qu’il n’est encore qu’en en 10ème position pour les Risk managers français, même si elle fait partie des nouveautés.
En revanche, pour les entreprises françaises, la crise énergétique est en 3ème position, haut placée comme chez ses voisins (Allemagne, 2ème risque cité, Royaume Uni 4ème), devant les évolutions macro-économiques, 4ème, et les catastrophes naturelles, 5ème. Aux États-Unis, l’énergie n’est qu’en 8ème position.
Le top 10 des risques cités en France
– 1/ Incidents cyber (40 %)
– 2/ Interruptions d’activités (32 %)
– 3/ Crise énergétique (28 %) -Nouveau
– 4/ Evolutions macro-économiques (24 %) -Nouveau
– 5/ Catastrophe naturelle (23 %)
– 6/ Changement climatique (22 %)
– 7/ Incendie, explosion (20 %)
– 8/ Evolutions législatives et réglementaires (15 %)
– 9/ Evolutions de marchés (15 %)
– 10/ Pénurie de main d’œuvre qualifiée (12 %) -Nouveau.
Comment expliquer que les risques politiques soient si bas dans les préoccupations des entreprises alors que de nombreux spécialistes de l’assurance pointent depuis des mois la montée du mécontentement social lié à l’inflation et à la baisse du pouvoir d’achat, après les perturbations liées à la crise Covid, et les risques de tensions politiques et sociales qu’il entraîne dans de nombreux pays, développés et émergents ?
Interrogé sur ce point par la presse, Ludovic Subran, chef économiste d’Allianz, a estimé que ce risque est « sous-évalué » par les entreprises. D’autant plus que dans certains pays, face aux tensions, on ne serait pas à l’abris, selon lui, d’un retour en force des Etats qui pourraient nationaliser des infrastructures jugées stratégiques, par exemple dans un contexte « d’effort de guerre ». Mais il s’est bien gardé de citer un ou des pays en particulier.
Mais le plus à craindre selon lui, dans un pays ou dans un secteur, c’est « l’accumulation de risques ». Lorsque par exemple, la hausse des coûts de l’énergie est concomitante avec une pression à la hausse des salaires et une hausse des taux d’intérêt. « C’est un problème aux États-Unis et en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni) », a précisé Ludovic Subran. Et cela devient également problématique dans certains secteurs, comme la construction.
Une perception des risques qui diverge d’un secteur à l’autre
Par secteur, il est intéressant de voir que la perception des risques diverge dans les entreprises en fonction de leur degré d’exposition à tel ou tel phénomène.
Ainsi, le risque cyber est numéro 1 dans le divertissement, les services financiers, les médias, les services professionnels, les technologies, les télécommunications.
L’interruption d’activité arrive en revanche en tête dans la chimie-pharmacie, les biens de consommation, l’ingénierie-BTP-immobilier, agroalimentaire, l’hôtellerie-tourisme-loisir, l’industrie, le secteur minier, l’énergie et les réseaux publics, ;les énergies renouvelables, le commerce.
Dans le transport et la logistique, c’est la crainte de la conjoncture économiques qui domine alors que dans l’agriculture, c’est le risque climatique…
C.G
Les détails de l’étude peuvent être consultés en ligne : cliquez ICI.