Le coût du transport maritime ne cesse de baisser sous l’effet du ralentissement des importations mondiales. Une bonne nouvelle pour les chargeurs, même si les taux de fret restent supérieurs à leur niveau prépandémique. En revanche, ceux-ci attendent encore une remontée de la qualité du service de la part des compagnies.
Pénurie de boîtes, congestions portuaires, envolée des coûts, retards à rallonges, dégradation des services… La pagaille semée par la crise sanitaire liée à la Covid-19 dans le transport maritime semble aujourd’hui de l’histoire ancienne.
« Sur le marché spot, le taux de fret moyen d’un conteneur de 40 pieds, qui a atteint un pic fin 2021 à 11 000 dollars, est aujourd’hui de 2700 dollars, mais même s’il continue de baisser il n’est pas encore revenu à son niveau d’avant la pandémie de Covid-19, entre 1000 et 1500 dollars, détaille Jean-Michel Garcia, délégué aux transports internationaux de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). Par ailleurs, les taux des contrats à long terme ne baissent pas aussi rapidement. »
Selon le deuxième armateur mondial Maersk, les volumes du transport par conteneurs devraient baisser d’entre 2 et 4 % cette année par rapport à 2021. Ce recul de la demande s’explique par celui de la consommation au niveau mondial, sur fond d’inflation aux États-Unis et en Europe, mais également par une tendance au surstockage des entreprises échaudées par les dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement depuis le début de la pandémie.
En attente d’une amélioration du service
Reste que les coûts de transport ne sont pas encore redescendus à un niveau prépandémique. « La baisse devrait se poursuivre et une stabilisation des prix est attendue à la fin de l’année ou début 2023, mais la vraie question est celle de l’amélioration du niveau de service des compagnies maritimes, qui trainent un peu les pieds alors que la capacité est là », estime Jean-Michel Garcia.
Selon Sea Intelligence, le taux de fiabilité des horaires, qui oscillait entre 70 % et 80 % en 2019, est aujourd’hui légèrement supérieur à 45 %.
En outre, la situation est loin d’être la même partout. « Il y a toujours d’importantes congestions portuaires aux États-Unis. Elles se sont résorbées dans les ports européens, mais sont toujours présentes. La situation s’est également améliorée dans les ports chinois où des procédures complexes mises en place dans le cadre de la politique zéro-Covid et des problèmes de main d’œuvre continuent de provoquer des retards et des congestions. »
Cette normalisation du transport maritime n’a pour l’heure pas encore entamé les mirifiques résultats financiers des compagnies. Le 25 novembre, le français CMA CGM a ainsi annoncé un bénéfice net de 7 milliards de dollars au troisième trimestre 2022 pour un chiffre d’affaires de 19,9 milliards de dollars.
Sophie Creusillet