Mois après mois, le commerce extérieur de biens s’enfonce dans le rouge : selon les chiffres des douanes pour le troisième trimestre 2022, malgré un dynamisme notable des exportations, les importations d’énergie continuent à plomber le déficit commercial qui a d’ores et déjà franchi la barre des – 120 milliards d’euros (Md EUR) depuis le début de l’année 2022.
Après un mois de septembre sur la même tendance que ceux qui ont précédé (-16,2 Md EUR de déficit mensuel), le troisième trimestre (T3) 2022 ne pouvait pas créer de surprise : malgré une accélération notable des exportations (+5,1 % par rapport au T2, déjà en progression de 4 %), les importations ont continué à flamber (+ 8 % par rapport au T3, après +7,8 % au T2).
A l’import, l’envolée de la facture énergétique -principalement électricité et gaz naturel liquéfié-compte pour la moitié de la hausse. La maintenance d’une partie du parc nucléaire français explique une partie de la tendance : d’après la Douane, les montants des seules importations d’électricité « ont été multiplié par 42 par rapport à leur niveau moyen de 2019 ».
Le montant total des exportations (FAB) s’est établi à 153,1 Md EUR au T3 mais celui des importations (FAB) a atteint 200,7 Md EUR. Le calcul est vite fait : le déficit commercial de ce trimestre se creuse de près de -7,3 Md EUR, pour atteindre -47,6 Md EUR, nouveau record pour le commerce extérieur français. En cumulant les soldes des deux précédents trimestres, le déficit commercial sur 9 mois (janvier-septembre) atteint donc -120,1 Md EUR. D’après la Douane, sur 12 mois glissants, à fin septembre, il est à -149,9 Md EUR, soit un bond de -81,5 Md EUR par rapport à la même période de l’année précédente (12 mois à fin septembre 2021).
Seul l’agro et la pharma dégagent des excédents
Un point positif toutefois : le dynamisme des biens manufacturés à l’export (+4,6%), qui explique, selon la Douane, trois quarts de la progression de l’export au T3.
Il est porté par plusieurs produits dont les équipements mécaniques, électroniques et informatiques (+6,1 %), mais aussi l’automobile (+10,1 %) et aéronautiques (+24,5 %). Ces dernières n’ont toutefois pas retrouvé leur niveau de 2019. Les ventes des produits agroalimentaires sont également dynamiques sur le T3 (+3,9 %), de même que ceux de l’agriculture, portés par le blé (+24,2).
Le déficit commercial des biens manufacturé progresse néanmoins à -21,3 Md EUR sur le T3 (-1,7 Md EUR par rapport au T2), moins important toutefois que celui de l’énergie (-35 Md EUR).
Alors que l’excédent du secteur pharmaceutique s’érode (+0,1 Md EUR au T3, après +1,2 Md EUR au T2), les seules branches en excédent ce trimestre sont les produits issus de l’agriculture (+2,2 Md EUR) et de l’agroalimentaire (+1,6 Md EUR).
C.G