Après deux ans d’une crise sanitaire mondiale qui a bouleversé les pratiques, la mobilité internationale des salariés reprend des couleurs dans les entreprises multinationales, selon les résultats d’une enquête MSH-OpinionWay publiée le 2 novembre. Mais avec de nouvelles pratiques, dont le travail à distance.
Un chiffre parle de lui-même : plus des deux tiers des entreprises interrogées « augmentent ou maintiennent leurs effectifs de salariés en situation de mobilité internationale » indique un communiqué de MSH. Cette enquête a été réalisée sur la base d’un échantillon de près de 100 entreprises clientes de cette filiale du groupe Diot-Siaci spécialisée dans les solutions d’assurance santé et prévoyance, dont de nombreuses entreprises multinationales basées en France et en Europe.
Un bond spectaculaire des effectifs expatriés
Dans le détail, le contexte économique s’est stabilisé voire amélioré pour de nombreuses entreprises interrogées en 2022 (86 % ont déclaré un chiffre d’affaires stable ou en progression), créant des conditions favorables à une reprise de la mobilité internationale. Résultat : un bond spectaculaire des effectifs expatriés. Ainsi, 28 % des répondants déclarent avoir augmenté leur effectif expatrié cette année contre à peine 3 % en 2021.
Au total, 67 % des entreprises déclarent avoir maintenu ou augmenté le nombre de leurs salariés en situation de mobilité internationale pour 2022, selon le communiqué. En revanche, la durée de la mobilité des salariés est restée stable par rapport à 2021, 88 % des entreprises ayant maintenu ou augmenté la durée moyenne de mobilité internationale.
Retour des préoccupations de recrutement
Signe que les préoccupations liées à la pandémie sont désormais secondaires, celles-ci sont reléguées en 5ème position (46 %), devancées par les problèmes de recrutement et d’attractivité pour attirer ou fidéliser les talents (63 %) et la réflexion sur les évolutions à apporter à l’organisation du travail (56 %).
A noter que parmi les autres sujets de préoccupation des entreprises susceptibles d’avoir un impact sur la gestion de leurs ressources humaines à l’international, figurent également en bonne place comme l’incertitude de la conjoncture économique (51%), la sobriété énergétique (48 %), le renchérissement des prix de l’énergie (43 %) ou encore le contexte géopolitique (40 %).
De nouvelles pratiques de gestion RH
Si la mobilité internationale a repris des couleurs, la pandémie a bousculé les pratiques et obligé les entreprises à s’adapter.
Parmi les nouvelles pratiques signalées par cette enquête : « le recours à des séjours internationaux plus courts mais plus fréquents » (39 %) ; « la mobilité rotationnelle », qui consiste à organiser l’envoi de salariés sur un site à l’étranger par rotation régulière (37%) ; le « commuting », permettant aux salariés de rentrer chez eux le week-end (33 %).
Quant au travail à distance international, il est désormais une réalité pour deux tiers des entreprises et 48 % d’entre elles affirment vouloir le développer. Parmi celles-ci, 15 % se sont d’ores et déjà organisées pour formaliser leurs politiques de télétravail international.
Pour Frédéric Grand, directeur général de MSH cité dans le communiqué, « après 2 années phagocytées par la pandémie, les entreprises expriment une forte appétence pour la croissance et le développement à l’international ». Selon lui, « Focalisés sur la guerre des talents et l’invention des nouvelles formes d’organisations du travail, les décideurs RH misent sur la transformation de leurs politiques de mobilité internationale. »