Après la French Tech, la Health Tech, la Clean tech, la « Travel Tech » se fait elle aussi un nom. Startups et PME innovantes de l’industrie du voyage et du tourisme investissent à l’international. L’Etat a aussi décidé de les aider à voyager le plus loin possible, dans le cadre d’un plan de reconquête surnommé « Destination France ».
Dans le sillage de la French Tech, vient de naître la Travel Tech, une filière qui est encore difficile à déterminer avec précision, mais dont on peut affirmer qu’elle regroupe des startups et PME technologiques, voire des ETI, autour du tourisme. Rien de mieux que quelques exemples pour mieux discerner les contours de cette filière.
Ainsi As a guest, une startup, membre de France Digital et de la French Tech Ile-de-France, qui commercialise, via sa plateforme, les invendus des hôteliers indépendants plutôt haut de gamme à prix fixes (99 ou 179 euros la nuitée). En moins d’un an, ce spécialiste du marketing touristique est passé de 6 à 18 personnes et son chiffre d’affaires a triplé depuis son lancement en 2019.
« Notre seul problème, c’est que nous sommes franco-français », relève toutefois Damien Montembault, cofondateur et codirecteur général de cette PME. Il s’est tourné vers Business France pour partir à la conquête de la péninsule ibérique. « Nous avons connu Business France via l’Open Tourism Lab (OTL), un incubateur à Nîmes, et avons travaillé main dans la main avec l’agence pour définir les axes de développement en Espagne et au Portugal ou identifier les prospects ». As a guest vient ainsi de participer à la convention internationale de Séville, Tourism Innovation Summit (TIS, 2-4 novembre). Un premier pas à l’international.
LoungeUp : numéro un en France, demain en Espagne…
Pour LoungeUp, un éditeur de logiciels CRM pour l’hôtellerie visant à fluidifier le parcours de la clientèle, l’Espagne, où la PME avait commencé à travailler, était une évidence. D’où sa présence aussi au TIS.
« Les États-Unis nous apparaissent comme un marché trop complexe et concurrentiel, et où il faut des capitaux. En revanche, ce n’est pas le cas de l’Espagne, un grand pays de tourisme, et plus grand pour nous en Europe que l’Italie et le Royaume-Uni », explique Mathieu Pollet, cofondateur et CEO de LoungeUp.
Avec sa plateforme de gestion de la relation client et des opérations internes dédiée aux hébergements touristiques, la PME de 25 salariés aide les clients à formuler leurs demandes facilement et les hôteliers à les gérer efficacement. Son ambition est clairement affichée : faire un travail de fond en Espagne pour devenir numéro un comme en France.
A ce jour, LoungeUp travaille avec quelque 3 000 hôtels dans 40 pays, mais surtout en France. « A l’étranger, ce fut le fruit d’opportunités, la magie d’Internet qui vous rend visible, mais il n’y a pas eu de notre part jusqu’ici de stratégie proactive », reconnaît Mathieu Pollet, qui se donne « un à deux ans » pour réussir en Espagne. La patience sera le maître mot, car si la relation digitale du client est connue en France, le marché espagnol manque sérieusement de maturité. Preuve en est l’absence d’une concurrence « très franche et aussi large », selon le dirigeant français.
Après l’Espagne, LoungeUp s’orienterait vers un pays de même taille en Europe. L’Italie ? Le Royaume-Uni ? L’Allemagne ? A décider en fonction aussi de la maturité du marché et des opportunités qui se présenteront à ce moment là. Et pourquoi pas de la croissance externe ? LoungeUp vient de racheter une petite société sur le marché domestique. « L’idéal, annonce Mathieu Pollet, serait qu’on ouvre un nouveau pays, mais c’est un peu simpliste », convient le dirigeant, qui ne s’interdirait pas non plus une acquisition de l’autre côté des Pyrénées.
Première participation de la Travel Tech au CES
D’autres entrepreneurs ont fait un choix différent en ciblant résolument les États-Unis. Dans quelques mois, du 5 au 8 janvier 2023, ce sera la première fois que des entreprises françaises de la Travel Tech participeront au Consumer Electronics Show (CES) sur le pavillon de la French Tech à Las Vegas, avec le soutien de l’État français.
A la baguette Business France, mais aussi Bpifrance, Atout France ou encore France Tourisme Lab, réseau d’accélérateurs et d’incubateurs animé par la Direction générale des entreprises (DGE) à Bercy.
Mettre en œuvre le plan Destination France
Les missions pour pousser les PME de cette filière à s’internationaliser se multiplient. Cette année, Business France en a organisé deux, l’une aux États-Unis et une autre à Séville début novembre au TIS, déjà cité.
Ces opérations entrent dans le cadre du Plan de reconquête et de transformation du tourisme (PRTT), autrement dénommé « Destination France », et annoncé le 20 novembre 2021 par le gouvernement. La mesure n°17 de ce plan est consacrée au « développement international de la filière touristique ». C’est le ministère de l’Économie et des finances qui chapeaute ce plan.
A l’international, le choix a été de se focaliser sur un nombre limité de marchés porteurs : Allemagne, Arabie Saoudite, Corée du Sud, Espagne, États-Unis, Israël, Italie, Japon, Singapour, Thaïlande, pays scandinaves. La liste peut évoluer. Aux acteurs d’élaborer un plan sur trois ans (2022-2024). Pour Business France, c’est un défi : le tourisme à l’export est l’un de ses nouveaux « métiers », puisque ça ne fait que deux ans qu’il a été ajouté à la liste des secteurs de son service Art de vivre, piloté par Sébastien Vicente.
A suivre…
François Pargny
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