Fondée en 2016 sur la conviction que le coaching en ligne était appelé à se développer, la TPE Coachline s’apprête à franchir les frontières de l’Hexagone pour suivre deux importants clients. Un tournant qui s’accompagne d’un changement de modèle économique, de la jeune pousse à la coopérative.
Pour une carte de visite, c’est une carte de visite. Coachline travaille actuellement à l’internationalisation de ses prestations via sa collaboration en France avec Amazon. « Un de nos premier client était Harmonie Mutuelle qui a proposé à son portefeuille de TPE des parcours de coaching sur la posture de dirigeant et la gestion du temps, ça a super bien marché et Amazon l’a appris, explique Florence Rollot. Ils ont fait appel à nous pour aider les TPE et les PME françaises de leur Accélérateur du Numérique à développer leur stratégie e-commerce. » Le géant américain souhaite dupliquer l’expérience sur d’autres marchés en Europe.
Proposer des formations sur mesure et abordables grâce au digital : c’est le pari que s’est lancé Florence Rollot en 2016, avant que la crise sanitaire ne donne un sérieux coup d’accélérateur à la digitalisation dans le monde de l’entreprise.
« En matière de répartition entre le digital et le présentiel, nous n’avons pas de dogme, affirme la dirigeante. Notre idée était que le digital permettait d’élargir le champ des possibles en travaillant à 360 degrés. En fonction du besoin de l’entreprise, son parcours d’accompagnement peut comprendre du learning, du coaching individuel à distance et des interventions en présentiel pour des groupes ».
Propulsée à l’international par ses clients en France
Grâce à une levée de fonds de 110 000 euros, Coachline met en place son écosystème et investit dans le développement d’une plateforme de gestion des processus d’apprentissage s’appuyant sur le logiciel open source Moodle. Contenus pédagogiques, agenda des rendez-vous, to do lists, consultations des données individuelles ou d’un groupe, visioconférences, chatbot… Ce site centralise le pilotage du cursus de coaching, qu’il s’agisse de développer des compétences managériales, entrepreneuriales ou comportementales.
De grands groupes mordent à l’hameçon dont Groupama ou le Crédit Agricole et attire in fine l’entreprise sur le chemin de l’international. Outre Amazon, le groupe d’ingénierie Expleo, présent dans 25 pays partout dans le monde, souhaite également exporter les formations de coaching de la jeune pousse parisienne.
Ces tremplins vers l’international poussent l’entreprise, qui compte une dizaine de salariés, à faire grossir son « réservoir » de coachs. Actuellement au nombre de 30, tous certifiés, ils devraient être 50 d’ici à la fin novembre.
Une Société coopérative d’intérêt collectif pour filiale
Pour ce faire elle compte sur son réseau – sa fondatrice a assuré la vice-présidence de l’International Coaching Federation (ICF) pendant trois ans – et sur un changement de braquet de son modèle économique. En juin dernier, Coachline crée une filiale réunissant ses intervenants sous la forme d’une Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), et accouche d’un modèle hybride combinant une startup, les 10 salariés assurant les fonctions de supports, et une coopératives de coachs.
« Nous sommes sortis de la crise de Covid-19 convaincus qu’il fallait nous distinguer des grosses plateformes de 2500 coachs qui proposent des formations standardisées ne correspondant pas aux réalités du terrain, revendique Florence Rollot. L’autre danger, c’était l’ubérisation des coachs ». Le modèle coopératif, qu’il s’agisse d’une SA, SARL ou SAS, a l’avantage d’enjoindre ses membres à travailler de manière collective.
Objectif : 500 membres en France et à l’étranger en 2025
Lors des assemblées générales, chaque associé a le même pouvoir que les autres et les votes de décisions s’effectuent sur le principe de « un associé = une voix », quelle que soit sa part de capital détenue. Ils décident collectivement des orientations stratégiques, des investissements majeurs et de la répartition des résultats de leur entreprise.
Ce mode de fonctionnement permet de fédérer le réseau de coachs que tisse actuellement Coachline ainsi qu’à ses ambitions à l’international. « Un coach qui ne pourrait répondre seul à un appel d’offres peut devenir tête de pont pour candidater à plusieurs. Pour l’instant nous faisons grossir le collectif en expliquant notre démarche aux coachs et ils viennent nombreux frapper à notre porte », se félicite la dirigeante qui prévoit de passer la barre des 500 sociétaires en 2025.
En attendant, la jeune pousse devenue maison mère d’une coopérative sur le point de s’internationaliser par le biais de ses clients en France, peaufine sa stratégie et s’attelle à des questions concrètes. Fin novembre, elle tiendra un séminaire de trois jours qui abordera notamment l’aspect juridique de son mode de fonctionnement à l’international.
Sophie Creusillet