La société savoyarde Gabriel Mauvais fabrique des micro-mèches pour les industries micromécaniques (horlogerie, médical, aéronautique, connectique…). Cette TPE de 8 personnes réalise 85 % de son chiffre d’affaires à l’export. Alors que le marché chinois se ferme, elle profite aujourd’hui de la stratégie « Chine + 1 » des investisseurs industriels européens pour se tailler une place dans les pays de l’Asean.
« Un artisanat industriel ». C’est ainsi que Gilles Guyot, qui a repris cette entreprise fondée en 1928 il y a 14 ans, nomme son activité. Un travail de haute précision pour produire chaque année 200 000 forêts de quelques millimètres, utilisés par les industriels pour fabriquer aussi bien des montres que des pièces d’avion.
Depuis le début de la crise sanitaire, et malgré les restrictions de déplacement, l’entreprise suit le mouvement des industriels qui doublent leur production en Chine d’unités dans les pays de l’Asean. « Il y a en ce moment une redistribution des cartes dans le commerce international », observe le dirigeant.
Déjà présents en Asie (Chine, Corée du Sud), les micro-forets fabriqués à Villaz, en Haute-Savoie, sont déjà exportés en Thaïlande quand survient la pandémie. Ce qui n’empêche pas la TPE d’initier un courant d’affaires au Vietnam en 2020 et plus récemment en Malaisie. Après des rendez-vous en visioconférence avec des clients potentiels organisés par le bureau de Business France à Kuala Lumpur, deux entreprises mordent à l’hameçon, un distributeur local dans l’horlogerie qui commande régulièrement, et un industriel de l’automobile qui devrait bientôt lui emboîter le pas.
Après la Malaisie, Singapour !
« Les pays d’Asie du Sud-Est sont actuellement à la recherche de savoir-faire dans les outils coupants et les fournisseurs locaux ne sont pas encore au point », analyse Gilles Guyot. Côté logistique, les micro-mèches se transportent facilement et peuvent être envoyées en Asie en express, ce qui a constitué un atout non négligeable depuis le début de la crise sanitaire et des perturbations du fret maritime à destination de l’Asie.
Prochaine étape pour les micro-forets Gabriel Mauvais dans l’Asean : Singapour. « C’est cohérent avec la Malaisie toute proche et c’est à Singapour que sont les donneurs d’ordre de la région ». Après la Thaïlande, le Vietnam et la Malaisie, l’entreprise ajoutera alors un quatrième pays de l’Asean à sa clientèle.
Passionné par l’export, Gilles Guyot espère que se futures prospections à l’internationales ne se dérouleront plus ou pas uniquement par écrans interposés. « Rien ne remplacera un rendez-vous physique, il n’y a pas l’engagement, la poignée de main et l’amitié dans les affaires autour de laquelle s’articule notre marché. »
Sophie Creusillet