Bercy se mobilise. Dans un communiqué de presse du 22 septembre, Christine Lagarde, ministre de l´Economie, et Anne-Marie-Idrac, secrétaire d´Etat au Commerce extérieur, annoncent « une initiative pour le renforcement de la compétitivité du dispositif d´appui aux grands contrats à l´export ».
« La réflexion est engagée depuis quelques mois et les entreprises exportatrices sont associées, via Medef », se félicite le président du comité Commerce extérieur de l´organisation patronale, Alain Bentéjac, selon lequel « il y a une prise de conscience du potentiel de croissance que représentent les pays émergents ». Il est vrai que les pays émergents pèsent de plus en plus dans les exportations françaises. Lors de la présentation des chiffres du commerce extérieur pour le premier semestre, Bercy rappelait que depuis 2000 « les pays émergents étaient devenus majoritaires dans les grands contrats ». Plus encore, la part française au deuxième trimestre a quasiment doublé à 6,5 milliards d´euros par rapport au trois premiers mois de l´année et a dépassé de peu le chiffre du 4e trimestre 2009 (6,2 milliards).
Toutefois, « la concurrence est de plus en plus forte de la part de pays émergents, comme la Chine », note Alain Bentéjac. Le ministère de l´Economie a donc décidé de mettre en place, « à titre expérimental, un fonds public de matching, alimenté par des enveloppes de crédits de prêts de l´Etat ». Ce fond doit permettre « de proposer des offres financières comparables à celles de nos concurrents américains, européens et asiatiques » sur « quelques projets d´infrastructure à caractère stratégique ». On peut penser à des projets dans le transport (métro, tramway, chemin de fer…), l´énergie (centrales thermiques ou hydrauliques…) ou l´aménagement urbain. C´est la Commission interministérielle d´appui aux contrats internationaux (CIACI) qui sera chargée de sélectionner ces projets.
« Aujourd´hui, les financements que nous proposons pour des grands contrats ne sont pas toujours assez attractifs par rapport à certains de nos concurrents, comme l´Inde et surtout la Chine, qui apportent des crédits d´aide, qui sont même parfois des crédits liés. Le fonds de matching va permettre de nous aligner », souligne Alain Bentéjac. En outre, le ministère de l´Economie serait prêt à revoir la part française qui est obligatoire dans les grands contrats. « La France ne peut pas changer les conditions de crédit, car elle est tenue par le Consensus des membres de l´OCDE – ce qui n´est pas, par exemple, le cas de la Chine, qui n´est pas membre de l´organisation, remarque Alain Bentéjac. En revanche, précise-t-il, elle peut assouplir les règles de part locale, tout en s´assurant que les retombées sont positives pour l´emploi en France et aussi pour la recherche».
François Pargny