« Les pratiques d´entente sur les tarifs de surcharge au profit des compagnies aériennes nous sont connues depuis 2006, déclare au Moci Philippe Bonnevie, président de l´AUTF, l’Association des utilisateurs de transport de fret. Des pratique si répandues que certaines compagnies n´en font pas mystère. Cette affaire, pour l´instant limitée à Air France-KLM et Martinair, concerne au total plus d´une vingtaine de compagnies aériennes. Une action visant ces dernières a déjà été engagée aux Etats-Unis pour des faits similaires et qui couraient depuis 2000. Mais le juge américain s´est déclaré compétent uniquement pour les achats directs de fret. Or, en Europe, les entreprises passent par des commissionnaires ».
Et Philippe Bonnevie de poursuivre : « Nous avons quand même pu convaincre une dizaine d´entreprises françaises de céder leur droit à indemnisation au cabinet CFI (Claims funding international), lequel financera et dirigera le recours collectif contre les compagnies aériennes. En réalité, un grand nombre d´entreprises françaises ont souffert de ces ententes et sont susceptibles d´être indemnisées. Mais ces dernières sont souvent très réticentes à passer par ce mécanisme de rétrocession des droits d´indemnisation à un cabinet spécialisé dans les recours collectifs ». D´ailleurs, selon nos informations, aucune entreprise française ne souhaite voir son nom être médiatisé à ce stade. Rappelons qu´hier 29 septembre, un recours collectif a été déposé par 300 entreprises européennes, dont le groupe néerlandais Philips et le suédois Ericsson, contre Air France-KLM et Martinair pour entente sur les tarifs de fret. Celle-ci, qui vient d´être dénoncée, n´est que la première d´une longue liste.
Le principal obstacle au respect de la loi européenne en matière de concurrence et d´entente viendrait de la Commission européenne elle-même. C´est du moins ce qu´avance Philippe Bonnevie : « Tout est connu depuis longtemps. Nous avons déjà interpellé à plusieurs reprises la Commission européenne, qui ne semble pas vouloir faire appliquer la loi européenne sur les ententes. Une attitude politique, une façon de ne pas froisser les Etats qui soutiennent les compagnies aériennes. Nous ne demandons pas la mort du pêcheur. Nous voulons que les entreprises lésées soient indemnisées. Et cette fois, cela semble en bonne voie ».
Gilles Naudy