TotalEnergies, EDF et Engie ont appelé les Français à réduire leur consommation d’énergie dès à présent pour éviter des pénuries à venir cet hiver, dans une tribune du Journal du Dimanche (JDD). Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton n’est pas de cet avis. Il a rappelé à l’ordre les énergéticiens en leur demandant d’augmenter drastiquement leurs livraisons d’énergie lors d’un point presse, organisé le 27 juin, à quelques jours de la fin de la présidence française du conseil de l’Union européenne. Explications. `
« Nous devons travailler ensemble, de manière solidaire. C’est très important car il faut aller vite ; il y a une urgence temporaire », exhorte Thierry Breton. Et d’ajouter : « Parce qu’on sait que ces dépendances vont être utilisées contre nous ». Selon le commissaire européen, il faut être pragmatique, redoubler d’audace pour trouver les solutions respectueuses de nos intérêts.
Pour rappel, en 2021, environ 45% des importations de gaz naturel de l’Union européenne sont d’origine russe, ce qui représente 155 milliards de mètres cubes. Or, la Russie a déjà suspendu ses livraisons, vers la Bulgarie, la Pologne, les Pays-Bas, le Danemark et la Finlande.
Si le Kremlin coupait également les tuyaux vers la France, Thierry Breton assure que la situation sera « sous contrôle ». Le plan porterait sur des importations de gaz naturel liquéfié provenant des Etats-Unis ou du Qatar, des augmentations des pipelines existants, de l’accélération des éoliennes offshores et des panneaux photovoltaïques. Rouvrir des centrales à charbons n’est pas à exclure non plus. Thierry Breton rappelle aussi qu’il faut accélérer le déploiement de l’hydrogène pour assurer la transition énergétique.
« Réduire de 14 milliards de mètres cubes notre consommation d’énergie en incitant les français à des comportements plus économes en énergie, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant, explique le commissaire européen. Il n’y a pas une solution mais des solutions. Il faut que tout le monde y contribue, notamment aider les industriels, forts consommateurs d’énergie ».
Diversifier les sources d’approvisionnement
Il estime également que les énergéticiens doivent se coordonner avec les Etats membres notamment qu’ils écoutent la volonté de certains pays souhaitant prolonger la durée de vie de leurs centrales nucléaires. « La Belgique l’a fait. C’est courageux d’avoir pris la décision de repousser de dix ans la fermeture de deux de ses centrales nucléaires », se félicite-t-il. « Il est nécessaire de diversifier les sources d’approvisionnement ».
Il a d’ailleurs fait un nouvel appel du pied à l’Allemagne qui a prévu de fermer ses trois dernières centrales nucléaires d’ici la fin de l’année, ce qui représente environ 25 % de leur consommation en électricité. « Il faudrait prolonger d’un an ou deux », selon le commissaire européen. Car depuis 2011, et la décision de l’Allemagne de sortir du nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima, cette dernière « se fournit intégralement par la Russie et est donc pied et poing lié au gaz russe ». L’Allemagne a rejeté cette option la semaine dernière et a annoncé un recours accru aux centrales à charbon.
Claire Pham