« Après avoir subi un choc significatif » en 2009, la Turquie « devrait afficher une croissance proche de 7 % en 2010 », prévoit la Compagnie française d´assurance crédit à l´export (Coface) dans un communiqué de presse du 4 octobre.
La progression spectaculaire de l´activité a conduit Coface en septembre à classer la Turquie pour la première fois dans la catégorie des meilleurs risques (A1 à A4), avec la note A4 (au lieu de B). « Les impayés sont retombés au niveau d´avant crise dès septembre 2009 » et « le taux d´impayé est maintenant bien en-deçà de la moyenne mondiale », remarque l´assureur français.
« Durant le premier trimestre 2010, l´économie turque a connu une croissance de 11,8 %. Au deuxième trimestre, la croissance s´est établie à 10,8 %. Selon les calculs de l´OCDE, nous continuerons à faire partie du trio de tête des économies mondiales qui croissent le plus rapidement jusqu´en 2017 », se félicitait de son côté, le 1er octobre, le négociateur en chef pour l´adhésion de la Turquie dans l´Union européenne (UE), Egemen Bagis, en appelant les Etats membres à organiser des référendums sur l´entrée de son pays dans l´UE.
« L´économie est euphorique, mais les déficits externes sont insoutenables », nuançait, toutefois, Thierry Apoteker, fondateur du cabinet d´études et de recherche TAC, à l´issue d´une conférence de presse sur les pays émergents, le 16 septembre. Ainsi, en matière de risque économique et financier, TAC place la Turquie dans la même catégorie de risques élevés que la Roumanie et les Emirats Arabes Unis.
Pour sa part, le secrétaire général de l´OCDE, Angel Gurria, incite la Turquie à « consolider son architecture fiscale » et à moderniser la gestion des finances publiques. Dans sa dernière étude sur la Turquie, l´OCDE conseille aussi à Ankara de moderniser le marché du travail, en s´attaquant aux activités informelles et y instillant plus de flexibilité, notamment dans les indemnités de licenciement, le salaire minimum et le travail temporaire.
Depuis le début de l´année, l´économie est soutenue à la fois par la consommation interne, l´investissement, l´export et même le tourisme. En l´occurrence, en développant des niches – tourisme sportif, religieux, géothermal, nuptial, géothermal, culturel, etc. – la Turquie pourrait cette année dépasser la barre des 28 millions de touristes, soit une hausse de 6,7 % sur 2009, et le montant de 16 milliards de recettes engrangé l´an dernier.
En matière d´investissement, le nombre d´entreprises étrangères a doublé en cinq ans et Renault était l´an dernier le premier exportateur dans l´automobile en Turquie, avec un chiffre supérieur à 3 milliards d´euros. Pendant les huit premiers mois de 2010, d´après l´Office turc des statistiques, les exportations ont bondi au total de 12,9 % pour s´élever à 73 milliards de dollars. Les commandes de voitures et de textile sont reparties avec la reprise mondiale. Les importations sont encore plus soutenues : + 30,5 % sur la même période. La conséquence est un creusement du déficit commercial, passé à près de 6,9 milliards de dollars.
François Pargny