Face au regain de tensions géopolitiques à l’Est du continent européen, la relance de la politique commerciale européenne est à l’ordre du jour. Certains États membres aimeraient que Bruxelles accélère la conclusion des négociations d’accords de libre-échange en cours et quelque peu ralenties par la crise sanitaire.
Lors de sa tournée européenne, commencée à Berlin le 2 mai et achevée le 4 mai à Paris, Narandra Modi, le Premier ministre indien, a été reçu en grande pompe. Alors que l’Inde a choisi d’adopter une position neutre dans la guerre en Ukraine et a refusé de se joindre à la politique de sanction occidentale contre la Russie, les Européens souhaitent renforcer leurs relations et leur coopération dans tous les domaines.
Lors de sa visite, Narendra Modi s’est ainsi vu signifier, notamment par le chancelier allemand Olaf Scholz, la volonté de l’UE de conclure un accord de libre-échange avec son pays et a été invité à participer au prochain Sommet du G7, qui doit se tenir fin juin en Bavière. Déjà, lors de sa visite éclair en Inde en avril, la présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen, avait signé l’accord pour créer un Conseil Commerce et technologies UE-Inde, sur le même modèle que celui créé avec les États-Unis et relancé la négociation commerciale, avec une première réunion fixée à la mi-juillet.
L’Inde, dont la reprise de la croissance est forte (supérieure à + 8 % cette année selon les prévisions du FMI), est elle-même en train de déployer une politique d’accords bilatéraux de libre-échange. Elle a signé récemment de tels accords avec les Émirats arabes unis et l’Australie et est en négociation avec le Royaume-Uni et la Suisse pour de nouveaux accords commerciaux.
Des États membres veulent accélérer les négociations de libre-échange
Ce regain d’intérêt des capitales européennes pour une relance de la politique commerciale européenne est d’autant plus vif que l’OMC est en panne et que les perspectives de l’économie mondiale se sont assombries depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Il met sous pression la Commission européenne. Selon l’agence Bloomberg, au moins neuf États membres, dont l’Allemagne et l’Espagne, préparent une lettre demandant à « accélérer les négociations retardées » dans le domaine du libre-échange.
De même source, les signataires, qui trouvent le processus de négociation, de signature et de mise en œuvre de ces accords trop long, veulent notamment accélérer les discussions en cours avec la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Inde et l’Indonésie, ainsi que le processus de mise en œuvre des accords déjà conclus avec le Chili, le Mexique et le bloc de pays du Mercosur, dont l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay.
C.G