Le Think Tank La Fabrique de l’exportation, plutôt pro-européen, libéral et favorable à un libre-échange ouvert mais régulé, a attendu l’entre-deux tours pour sortir de ses gongs. Par la production d’une analyse très critique du programme du Rassemblement national (RN) sur les questions de commerce international, défendu par la candidate Marine le Pen, et sa diffusion sur les réseaux sociaux.
D’entrée, le ton est donné : « le caractère particulièrement clivant du programme de Marine Le Pen en matière de commerce international nous conduit à mettre en lumière les incertitudes et les interrogations qu’il soulève pour l’internationalisation des entreprises françaises, et bien au-delà, l’emploi et la prospérité du pays car la France est beaucoup plus connectée au commerce international qu’on ne le croit ».
Et de s’attaquer à un des arguments phare du RN, le renforcement des contrôles aux frontières, qui concerne les personnes mais aussi les importations de biens. Il est, pour le RN, favorable à une exclusion de l’agriculture des accords de libre-échange, le remède clé pour « préserver une saine concurrence » et améliorerait, dans l’agroalimentaire, « la lutte contre les importations frauduleuses qui nuisent à la santé des français et ruinent nos agriculteurs ».
Argument démonté par la Fabrique de l’exportation : « dans toutes ces propositions, la sémantique utilisée semble suggérer que les accords signés par l’UE ouvrent les frontières sans contrepartie » constate le Think Tank.
Et de rappeler quelques réalités du cadre juridique européen : absence de contrôle aux frontières intra-européennes, mais contrôles aux frontières avec les pays tiers ; existence d’un arsenal de défense commercial de l’UE contre la concurrence déloyale ; système d’alerte communautaire (RASFF) sur les produits présentant des risques sanitaires (depuis… 1979) ; règles communautaires en matière de signature d’accords de libre échange (l’exclusion de l’agriculture nécessite une majorité qualifiée des Etats membres, et la France est isolée sur ce sujet…).
Pour la Fabrique de l’exportation, les « mesures envisagées ne pourraient raisonnablement pas être mises en œuvre sans une sortie de la France de l’UE (et donc de l’euro) ». Et pour cause : « aucun pays de l’Union européenne ne remet en cause le libre échange intracommunautaire ». Les mesures envisagées par le RN conduiraient en outre à réduire le pouvoir d’achat des français en « augmentant le coût » du commerce et donc les prix des biens pour les consommateurs.
Quant au protectionnisme agricole, non seulement il aurait cet impact sur les prix, mais en outre il exposerait la France à des rétorsions commerciales des partenaires commerciaux, pour les produits agricoles, mais aussi les produits industriels. Le « localisme » cher au RN « nous semble reposer sur un amalgame simpliste entre la préférence des Français pour les circuits courts en matière alimentaire et la mise en place de protections aux frontières » assène enfin le Think Tank, qui rappelle qu’au contraire, « pour se développer et participer à la prospérité de leurs territoires, nos entreprises ont besoin d’accéder à un certain nombre de ressources à l’international ».
A suivre…
C.G
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