En l´espace de deux ans, l´aéroport de Leipzig, en Allemagne orientale, est devenu la première plateforme mondiale de traitement du fret aérien du groupe de prestation logistique DHL. La filiale de Deutsche Post y traite quelque 1 500 tonnes de marchandises chaque jour, soit 250 000 envois quotidiens dans le monde entier.
« Leipzig sera bientôt le deuxième plus gros aéroport d´Allemagne, devant Cologne et derrière Francfort », prédit Eric Malitzke, le patron du hub de Leipzig, qui ajoute : « Mon impression personnelle est même, qu´il sera de plus en plus difficile de conserver un trafic de nuit conséquent à Francfort. » À cause des nuisances environnementales.
Ce qui signifie qu´à moyen terme Leipzig pourrait passer devant Francfort et devenir le second hub d´Europe. À ce jour, les quatre premières places sont occupées par Amsterdam-Shiphol, puis Francfort, Paris-Roissy et Cologne, entre lesquels règne une forte compétition. L´enjeu : attirer le plus grand nombre de chargeurs, en leur offrant le temps de transit le plus court, pour le coût le plus bas. Et si l´on s´en tient à ces critères, Leipzig paraît particulièrement bien placé.
Le temps de transit des marchandises n´y excède jamais 2 heures et peut même être réduit à 1 heure. L´aéroport offre désormais une plateforme logistique gigantesque de près de 300 mètres de long et haute de 30 mètres. Le site, très automatisé, avec un tapis de tri capable de traité 60 000 colis/heure, héberge également une équipe d´aiguilleurs du ciel, qui gère 110 rotations d´avions cargo chaque nuit. Rappelons que DHL a investi plus de 300 millions d´euros pour ce bâtiment flambant neuf, sorti de terre en 2008. Résultat, « le coût au kilo traité revient beaucoup moins cher que dans les autres aéroports », indique Eric Malizke. Un atout précieux, quand on sait que le transport aérien reste, et de très loin, le mode le plus onéreux d´acheminement du fret. « Sur un aller-retour entre l´Europe et les États-Unis, le prix de revient pour un avion cargo contenant 2 000 mètres cubes de marchandises est de 120 000 euros. Et la densité moyenne d´un conteneur aérien est de 120 kg par mètre cube », explique Jean-Philippe Grison, chez DHL France. Ce qui nous fait donc un prix de revient de 60 euros le mètre cube.
D´autre part, DHL a porté son choix sur cette ville moyenne (Leipzig compte 600 000 habitants) située au cœur de la Prusse pour quatre raisons pratiques.?Tout d´abord, le trafic aérien y était faible, alors qu´il est saturé partout ailleurs en Europe. Ensuite, la région offre de telles réserves foncières que Leipzig peut demain doubler, voir tripler sa capacité fret. En troisième lieu, la ville promet des coûts de main-d´œuvre faibles. Enfin, parce que l´aéroport est embranché fer et très bien relié au réseau autoroutier.
Gilles Naudy