Malgré un ralentissement au quatrième trimestre 2021, le PIB italien devrait retrouver son niveau d’avant la crise sanitaire dès le premier trimestre de cette année, selon une note de conjoncture du Crédit agricole. L’inflation et l’instabilité politique pourraient cependant doucher les enthousiasmes.
Boostée par la campagne vaccinale et la stabilité politique apportée par le gouvernement Draghi, l’Italie a été désignée en décembre dernier pays de l’année par The Economist, c’est dire si le pays a su bouleverser en quelques mois son image de lanterne rouge de l’Europe.
Malgré un essoufflement au quatrième trimestre (T4) en raison de la vaque d’Omicron et de l’inflation, les performances du PIB italien sur l’ensemble de l’année ont constitué une bonne surprise. A + 6,3 %, selon l’estimation du Crédit agricole, son écart avec la période d’avant crise n’est que de 1,3 %.
L’investissement, qui a entamé sa phase de redressement dès le T2 2020, a continué de porter l’activité au cours de l’année passée. Il devrait croître de 15,7 %, rattrapant largement la baisse de 9,4 % enregistrée au cours de 2020.
Les dépenses de consommation des ménages, qui accusaient un retard par rapport aux autres pays européens, ont pris le relais dès le deuxième trimestre et affiché une croissance de 5,2 % sur l’ensemble de l’année, notamment grâce à la reprise des dépenses de services.
La consommation toujours à la traîne
Cependant, à fin 2021, la consommation est encore inférieure de 6,2 % par rapport à son niveau de 2019. Les ménages, davantage pénalisés par les contraintes sanitaires, se sont montrés plus prudents dans leur choix de consommation en début d’année, alors même que le revenu disponible n’a été que partiellement impacté par les baisses d’activité.
Après un redémarrage difficile au T1, les exportations ont également enregistré une dynamique favorable au cours des deux trimestres suivants, contribuant positivement à la croissance. L’économie italienne a bénéficié de la stabilité apportée par le gouvernement de Mario Draghi qui a mobilisé un important soutien public, notamment en direction des entreprises.
En 2022, le plan de relance devrait alimenter la croissance de l’investissement. Dans le cadre du plan Next Generation de l’Union européenne, l’économie transalpine doit en effet bénéficier de 191,5 milliards d’euros sur six ans. Néanmoins l’instabilité politique pourrait peser lourdement sur la reprise économique.
Le spectre de l’instabilité politique et l’inflation menacent la reprise
Saluée par tous les observateurs, pierre angulaire de la consolidation de la confiance des ménages et des entreprises, la stabilité politique pourrait s’effriter rapidement. Alors que la législature actuelle devrait se terminer en 2023, le scrutin de l’élection présidentielle, qui se tient aujourd’hui 24 janvier, est pour l’instant incertain, même si des voix d’élèvent pour prôner un pacte de coalition.
Autre facteur baissier, l’inflation pourrait sérieusement gripper la reprise, si elle venait à s’installer limitant ainsi le redressement de la consommation. La hausse des prix ne se répercute par sur les salaires pour le moment, observe le Crédit agricole, mais les négociations en ce début d’année sont à suivre de près, d’autant que le marché du travail affiche une meilleure forme qu’escompté.
Dans ce contexte, la croissance en 2022 devrait pourtant rester dynamique, avec un PIB en hausse de 4,2 %. Le premier semestre 2022 sera toujours marqué par une croissance du niveau général des prix tirée par la hausse du coût de l’énergie qui se répercutera sur le profil de l’inflation. Les ménages les plus modestes devraient bénéficier d’un soutien public pour faire face à la hausse de leurs dépenses en énergie au cours des mois d’hiver. Mais ce soutien pourrait ne pas s’avérer suffisant au cours du deuxième trimestre.
Sophie Creusillet
Pour consulter la note de conjoncture du Crédit Agricole, cliquez ci-après.