Mis à jour le 6 janvier 2022*.
Faire le bilan de sa « Stratégie Nation ETI » et annoncer de nouvelles mesures pour booster leur compétitivité et leur nombre : tel est l’objectif d’une rencontre organisée le 5 janvier en fin de journée à Bercy, par le ministre de l’Économie, des finances et de la relance, Bruno Lemaire, avec la participation de plusieurs autres ministres dont Agnès Pannier-Runacher (industrie), Frédérique Vidal (Enseignement supérieur) et Sarah El Haïri (Jeunesse), de représentants du METI (Mouvement des ETI) et de dirigeants d’ETI*.
Entre les très nombreuses PME et les quelques grands groupes que comptent la France, ces entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont définies par l’Insee comme employant entre 250 et 4999 personnes et réalisant un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 milliard d’euros.
Très souvent familiales (une sur deux en France) et souvent moins médiatisées que les entrepreneurs de la « Sartup Nation » chère à Emmanuel Macron, elles font la solidité économique et la puissance commerciale d’un pays comme l’Allemagne avec son précieux Mittelstand. Mais dans l’Hexagone, elles ne sont pas si nombreuses : 5530 au total en 2019, dont 1738 industrielles, selon les données de Bercy.
Or, pour le gouvernement, outre les startup et les grosses PME, c’est sur ces entreprises qu’il faut à nouveau miser pour relancer le développement économique du pays, et plus spécialement les industrielles. Motifs : « elle sont ancrées dans les territoires » et « elles sont des championnes de l’export », selon des connaisseurs du dossiers à Bercy.
De fait, si elles ne représentent qu’à peine 12 % de l’effectif des exportateurs français (136 000 environ), elles réalisent 34 % de leur chiffre d’affaires à l’export. D’où la volonté de les soutenir et de les promouvoir davantage.
Cibles des programmes d’investissement
Depuis 2017, elles font donc l’objet de toutes les attentions du gouvernement : principales cibles, avec les grosses PME, des réformes fiscales introduites pour améliorer la compétitivité de l’appareil productif français (poursuite du crédit d’impôt-recherche, baisse des impôts de production et de l’impôt sur les sociétés) ainsi que des programmes de Bpifrance (5 promotions de l’accélérateur ETI, notamment), les ETI ont aussi bénéficié de plusieurs actions spécifiques destinées à les aider à se moderniser.
Selon les chiffres livrés par Bercy, à ce jour, 469 ETI industrielles ont ainsi été lauréates des appels à projets modernisation/relocalisation organisés dans le cadre du plan de relance. Elles ont perçu 569 millions d’euros (sur un total de 2,9 milliards mobilisés par ce programme) et généré un montant d’investissements industriels de 2,4 milliards d’euros.
Elles ont aussi bénéficié du plan d’action Industrie du futur dans la cadre du Programme d’investissement d’avenir (PAI) : 398 ETI ont ainsi décroché des financements dans le cadre d’appels à projets pour un montant total de 67 millions d’euros, qui ont permis de générer 350 millions d’euros d’investissements industriels. Et elles seront sans aucun doute parmi les cibles du plan France 2030 annoncé fin 2021 par le président Macron, dont 800 millions d’euros sont prévus pour la robotisation.
Enfin, le gouvernement a cherché à faire leur promotion, y compris auprès des jeunes diplômés, et à les mobiliser, notamment à travers la création de « club ETI » sur tout le territoire, avec le METI, et un « ETI tour » entrepris par Agnès Pannier-Runacher. Pour leur faciliter la vie administrative, des ponts avec l’administration fiscale ont également été créés pour favoriser un meilleur dialogue.
Création de référents ETI dans les administrations en région
Lors de la réunion du 5 janvier à Bercy, outre un bilan de ces mesures entreprises depuis 2 ans, un nouveau plan d’action* devrait être annoncé avec la volonté manifeste d’accentuer la promotion de ces ETI dans le pays, comme pour faire pendant à la stratégie de la « Sartup Nation ».
Il prévoit la poursuite des actions déjà entreprises, mais plusieurs nouveautés seront annoncées comme la nomination de fonctionnaires référents ETI dans les administrations régionales de l’Etat pour davantage leur faciliter la vie administrative. Une meilleure promotion auprès des ETI des aides au développement international du dispositif public Team france Export est également annoncée.
La France, qui préside l’UE pour 6 mois, militera aussi pour la reconnaissance de la notion et des spécificités des ETI au niveau européen. La Commission européenne ne distingue en effet que les PME et les grandes entreprises mais ne reconnaît pas ce concept français d’ETI. Enfin, Bercy a prévu de créer un indicateur de suivi des impôts de production.
Christine Gilguy
*Pour consulter le communiqué de presse de Bercy publié en fin de journée, téléchargez le document ci-après.