Après deux vagues violentes de Covid-19 en mars 2020 et avril-mai 2021, l’économie indienne est repartie de plus belle. Le géant asiatique reste un marché porteur et attractif pour les entreprises, notamment françaises, comme en témoigne le récent investissement de Saint Gobain.
Le groupe français leader des matériaux de construction Saint-Gobain a annoncé, peu avant Noël, un gros investissement en Inde : l’acquisition auprès d’Alghanim group de Rockwool India Pvt Ltd., un acteur majeur dans la production indienne de laine de roche, offrant une gamme complète de produits d’isolation aux propriétés thermiques, acoustiques et anti-feu.
Rockwool India Pvt Ltd., qui possède deux usines d’une capacité totale de 50 000 tonnes dans le pays, à Hyderabad et à Silvassa, exploitait déjà la technologie du groupe français, sous licence, pour ce matériau.
Cet investissement industriel important s’inscrit dans la stratégie d’accélération en Asie de Saint-Gobain, où il mise notamment sur l’Inde. Le groupe français, qui y exploite 29 usines, veut y affirmer son rôle de « leader dans la promotion de bâtiments ‘ verts ‘, en offrant ses solutions de construction durable grâce à son innovation orientée marchés et clients ». De fait, en entrant sur le marché de l’isolation il va renforcer dans le pays ses positions de leader dans le verre, le plâtre et la chimie de la construction.
Cet exemple récent illustre l’attractivité du marché indien pour les entreprises françaises, réaffirmé lors des dernières Rencontres Ambition India, malgré un fort penchant du gouvernement au nationalisme teinté de protectionnisme et l’impact économique de la crise sanitaire.
TAC Economics améliore son évaluation du risque
En ce début d’année 2022, l’Inde semble en effet sortie renforcée des deux terribles vagues de Covid-19 qui l’on frappées en mars 2021 puis en avril-mai 2021.
Le cabinet français de recherche et d’analyse économique TAC Economics estime même dans une récente note* que le taux d’immunité de la population et les progrès d’une campagne de vaccination massive (58 % de la population couverte à l’aide de 1,3 milliard de doses injectées) « limitent les risques d’une nouvelle vague de cas d’infection au Covid-19 graves » et donc l’éventualité de mesures de restrictions sévères type confinement.
Résultat : à la forte récession de 2020 (-7,3 %), a succédé un fort rebond en 2021 (+ 7,4 % estimé), avec le soutien d’une politique accommodante de la Banque centrale.
Côté inflation, le pays est affecté comme partout par la flambée des prix des hydrocarbures. Il subit également une hausse des prix des denrées alimentaires liées à des facteurs internes (confinement, sécheresse). Mais selon TAC Economics, qui ne prévoit pas de resserrement de la politique monétaire avant la mi-2022, elle est sur une tendance de 5 % actuellement et aucune spirale inflationniste ne pointe à l’horizon.
La relance des dépenses publiques, alors que la consommation et les investissements privés étaient à la traîne, a permis à l’économie indienne de retrouver son niveau d’avant crise sanitaire dès le troisième trimestre 2021 avec un taux de croissance du PIB de 8,5 % en rythme annuel.
Pour 2022, TAC Economics parie sur la poursuite de cette croissance soutenue grâce à la vigueur de la demande, des politiques publiques accommodantes et un retour de la confiance dans les milieux d’affaires (indice PMI à 57,6 en novembre 2021).
Des réserves de change au plus haut
Cerise sur le gâteau : si la dette publique indienne a flambé et commence à atteindre un niveau inquiétant, à 90 % du PIB en 2021, les réserves de change sont au plus haut, à 573 milliards de dollars, fruit d’une accumulation d’excédents de la balance courante et de l’afflux des investissements étrangers. TAC Economics a, en conséquence, amélioré significativement son appréciation du risque indien : il s’établit à 34,5-B au troisième trimestre 2021, alors qu’il était largement au-dessus de 40 fin 2019.
Une appréciation qui rejoint celle de nombreux assureurs-crédits, pour lesquels le risque indien est moyen, voire modéré à court terme : selon notre dernier Atlas des risques pays, paru en décembre, l’Inde est noté 3/7 par Credendo pour le risque de transfert (soit une évaluation moyenne) et, pour le risque de crédit court terme, B2 par Euler Hermes, C par Coface, 4/10 par Atradius et 2/7 par Credendo. Attention toutefois au risque client, modéré chez les grands groupes indiens mais élevé pour les PME.
C.G
*Pour consulter la note d’analyse de TAC Economics sur l’Inde (en anglais) : Country Focus- India : Robust recovery and favorable risk level- December 2021–