Le commissaire européen à l´Agriculture et au développement rural, Dacian Ciolos, a présenté, le 18 novembre à Bruxelles, une communication intitulée « La politique agricole commune (PAC) à l´horizon 2020 : alimentation, ressources naturelles et territoire – relever les défis de l´avenir ».
L´objectif de Dacian Ciolos est de parvenir à une PAC « plus écologique, plus équitable, plus efficiente et plus efficace » après 2013. D´ici là, en juillet 2011, l´exécutif bruxellois déposera des propositions législatives formelles.
Parmi les scénarios évoqués, pour ne pas braquer les grands pays bénéficiaires, France, Allemagne, Italie, il est probable que la Commission européenne abandonnera la piste la plus radicale, qui se traduirait par l´abandon des aides directes aux agriculteurs et de la plupart des mesures d´intervention sur les marchés (stockages…). En revanche, le statu quo ne pouvant satisfaire ses ambitions d´une politique de redistribution en faveur des petits pays, elle retiendra vraisemblablement la solution intermédiaire, visant aussi à garantir le revenu des agriculteurs actifs, à cibler les zones rurales et à protéger l´environnement.
Ce n´est pas, pour autant, gagné. Le projet de la Commission européenne ayant déjà filtré avant sa communication, le secrétaire d´Etat allemand à l´Agriculture, Robert Kloos, a critiqué le plafonnement des aides aux grosses exploitations. A l´est de l´Allemagne, les grandes coopératives de l´ex-RDA demeurent nombreuses.
Pour Gerd Sonnleitner, président de la puissante fédération allemande d´agriculteurs DBV, les agriculteurs de son pays sont « exemplaires » en matière de protection de l´environnement et des animaux et les objectifs de la Commission européenne dans ce domaine aboutiront « à une sur-bureaucratisation de l´agriculture européenne». Si les Chambres d´agriculture en France se méfient aussi du « verdissement » de la Pac, son président Guy Vasseur, estime, pour sa part, que la réglementation environnementale est plus souple en Allemagne qu´en France. Au cours d´une conférence de presse, le 16 novembre, à laquelle assistait www.lemoci.com, il a plaidé pour « l´harmonisation des règles dans l´ensemble de l´Union européenne ».
Le 14 septembre dernier, Paris et Berlin ont présenté « une position commune franco-allemande pour une PAC forte au-delà de 2013 », appelant notamment à une « régulation adaptée » pour « amortir les effets dévastateurs d´une volatilité croissante des prix et des crises de marché ». Pour autant, le groupe de travail du Sénat, qui a rendu public, le 16 novembre, son rapport pour « redonner un sens à la Pac », a dû convenir que l´Allemagne ne partageait pas le souhait de la France de faire jouer la préférence communautaire. Selon les sénateurs, il conviendrait plutôt de parler de réciprocité. Dans leur position commune, Paris et Berlin exhortent à un rééquilibrage de la concurrence avec les pays tiers. Les deux capitales estiment que tout produit importé devrait respecter les normes européennes.
François Pargny