Il n’y aurait jamais eu autant d’entreprises exportatrices en France qu’à l’heure actuelle. Un constat pour le moins étonnant alors que la demande mondiale n’est pas encore au rendez-vous. L’explication ? Une conséquence inattendue du Brexit.
« Jamais on a eu depuis 20 ans autant d’entreprises exportatrices en France, 136 000, loin de ce que sont capables de faire les Italiens ou les Allemands, mais enfin il n’y en a jamais eu autant depuis 20 ans », se félicitait encore Franck Riester le 6 novembre sur les ondes de France Inter.
135 600 entreprises sont en effet actives à l’export, selon les chiffres des Douanes pour le deuxième trimestre 2021, un point haut jamais atteint par le commerce extérieur français. Fin 2019, excellent millésime pour l’export tricolore, elles étaient 129 100.
Fin juin 2021, les Douanes dénombraient 7 800 entreprises de plus qu’un an auparavant, une hausse essentiellement portée par celle des sociétés de moins de 20 salariés.
Comment expliquer ce rebond alors que la demande mondiale est certes reparties, mais que le niveau des exportations françaises n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire ?
Un effet d’évolutions réglementaires
« Les nombres particulièrement importants d’exportateurs constatés depuis le début de l’année 2021 sont à considérer avec précaution, prévient une note accompagnant le document des Douanes. En effet, leurs hausses sur un an pourraient être dues à des évolutions réglementaires, sans lien avec la conjoncture économique. »
D’où provient ce soudain surplus d’exportateurs et de quelle évolution réglementaire s’agit-il ?
Réponse de Boris Guannel, chef adjoint du département des statistiques et des études du commerce extérieur aux Douanes : « Nous sommes très prudents sur cette hausse du nombre d’opérateurs du commerce extérieur depuis le début de l’année. Ce que nous suspectons c’est la conséquence de l’obligation faite aux entreprises qui veulent commercer en France de s’enregistrer dans l’Union européenne depuis octobre de cette année. Cette loi était initialement prévue en octobre 2020 et a finalement été décalée d’un an. Les entreprises l’ont néanmoins anticipée en prévision du Brexit. Les entreprises anglo-saxonnes commerçant avec la France depuis le Royaume-Uni se sont naturellement enregistrées en France. 135 600 entreprises exportatrices, c’est effectivement un niveau historique, mais qui n’est pas à interpréter comme une explosion. Il ne traduit pas un regain d’activité économique et est un artefact statistique ».
C’est donc grâce au Brexit que les Français peuvent crier Cocorico !
Sophie Creusillet