Le jeune entreprise iséroise Waga Energy valorise en biométhane le gaz issu des déchets organiques stockés dans les décharges. Fraichement introduite sur Euronext Paris, elle compte sur cette nouvelle visibilité pour porter son essor à l’international.
Le processus est enclenché, l’entreprise iséroise Waga Energy est désormais cotée sur le marché Euronext Paris. Au-delà de la conséquente augmentation de capital attendue (100 millions d’euros), son dirigeant, Mathieu Lefebvre compte bien sur cette opération pour conforter l’assise de sa jeune entreprise, en développant sa visibilité et sa crédibilité. En particulier à l’international.
« Quand on commence à répondre à des appels d’offres de grandes capitales et d’acteurs publics d’envergure, notre solidité et notre crédibilité sont étudiées en détail. La Bourse nous permettra également d’être plus visible des investisseurs et clients étrangers », explique-t-il. Un enjeu majeur pour une entreprise qui estime, qu’à terme, 98 % de son activité concerneront l’international.
Une technologie de rupture : les Wagabox
Créée en 2015 à Meylan (38) par trois ingénieurs issus du groupe Air Liquide, Waga Energy a développé une technologie de rupture permettant de valoriser le gaz produit par la dégradation des matières organiques présentes sur les sites de stockage des déchets.
Ces « Wagabox », installées sur sites, transforment ce gaz en biométhane, substitut renouvelable du gaz naturel fossile et transportable par les infrastructures gazières déjà existantes pour le chauffage, le transport, l’industrie etc.
Son modèle : le développement, l’installation et l’exploitation de ces unités de valorisation, puis la revente du biométhane à des énergéticiens via des contrats de 10 à 20 ans. « Notre solution permet non seulement d’éviter le rejet de méthane dans l’atmosphère, un gaz très impliqué dans les facteurs de réchauffement climatique, mais en plus de l’utiliser pour remplacer une énergie fossile ».
20 000 sites à équiper dans le monde
L’entreprise exploite déjà 10 unités en France, pour un chiffre d’affaires 2020 de 9,4 millions d’euros (avec 76 collaborateurs) et une capacité maximale installée de 225 GWh/an (soit la consommation de 35 000 foyers).
Dix autres unités sont actuellement en construction, dont deux au Canada et une en Espagne. Le potentiel est énorme : Mathieu Lefebvre estime à 20 000 le nombre de sites de stockage dans le monde, avec, dans le même temps, moins de 1 % du gaz produit aujourd’hui valorisé.
Son ambition : 100 unités en exploitation à travers le monde à l’horizon 2026, pour un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros.
Priorité au Canada, à l’Espagne et aux États-Unis
Sur ce marché du biométhane d’emblée international, Waga a déjà créé trois filiales.
La première, au Canada, emploie une dizaine de salariés. « Il s’agit de notre base pour l’Amérique du Nord. Nous y fabriquons nos équipements via des sous-traitants sur place, sur le même modèle qu’en Auvergne-Rhône-Alpes », précise le dirigeant de Waga Energy.
La seconde filiale aux États-Unis s’appuie sur 6 personnes et dispose d’un potentiel très important avec quelque 2 700 sites d’enfouissement. Un des trois cofondateurs de Waga Energy, Guénaël Prince, s’est d’ailleurs installé à Philadelphie pour piloter le développement sur place.
La dernière (2 salariés + 2 en cours en recrutement), en Espagne, est stratégique, avec un projet d’envergure dans un pays où ces projets en lien avec le gaz ne sont pas subventionnés. « Il démontre la pertinence de notre modèle, y compris sans aide publique » estime le dirigeant.
La priorité est donnée au développement de ces trois filiales mais Waga Energy lorgne d’ores et déjà vers l’Angleterre, l’Australie, l’Europe de l’Est et l’Asie. Avec autant de filiales à créer.
« Nous procédons toujours de la même façon : nous nous appuyons sur des experts sur place, des consultants, pour nous ouvrir les portes de potentiels clients, résume Mathieu Lefebvre. Lorsque les projets sont bien engagés et sur le point d’être signés, nous créons la filiale. Nous sommes dans l’obligation de créer une filiale à chaque fois : nous nous chargeons de l’exploitation, nous avons donc besoin d’une structure et d’une équipe sur place ».
Stéphanie Gallo